Profitant du fait que l'armée syrienne qui tient à dominer les villes et les points stratégiques et que le président Assad a choisi la méthode de l'usure et qui a planifié pour gagner la guerre face aux terroristes quitte à perdre quelques batailles, les criminels d'Al Qaïda ont saisi l'occasion pour s'attaquer cette fois à la ville syrienne d'Idleb, située au nord-ouest du pays. En effet, cette ville serait tombée, hier, aux mains de la branche locale d'Al Qaïda et de ses alliés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Idleb devient ainsi la deuxième capitale provinciale, après Rakka, à échapper provisoirement au contrôle du régime depuis le début du conflit, il y a quatre ans. Depuis le début de leur offensive mardi, le Front Al-Nosra – branche d'Al Qaïda en Syrie –, appuyé par Ahrar Al-Cham et d'autres groupes islamistes, avaient pris une vingtaine de barrages et de positions de l'armée syrienne et des milices loyalistes dans les environs de la ville, les forçant à se replier. Au cinquième jour des combats qui ont fait plus de 130 morts, Al-Nosra a annoncé sur Twitter la «libération» de la ville. Le groupe islamiste a mis en ligne des photos de combattants devant le gouvernorat d'Idleb, le siège régional de la police militaire, la mairie et la prison. 150 raids aériens de l'armée «Il y a un groupe de soldats qui se battent encore dans le périmètre de sécurité de la ville, mais ils ne peuvent pas renverser la situation», a assuré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, ONG basée en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur un réseau de sources en Syrie. Selon lui, la rapide conquête de la ville, malgré 150 raids aériens de l'armée pendant quatre jours, s'explique par le fait que «près de 2000 rebelles ont attaqué de tous les côtés, avec 40 transports de troupes». En outre, il semble que le régime avait anticipé une défaite. «Il y a deux semaines, il avait commencé à transférer les bureaux administratifs d'Idleb vers Jisr Al-Choughour», une des deux dernières villes sous son contrôle dans la province d'Idleb, a-t-il dit. Frontalière de la Turquie, la province d'Idleb est en grande partie sous le contrôle du Front Al-Nosra. A l'instar de son rival djihadiste, le groupe Etat islamique (EI), qui a proclamé son «califat» à cheval sur la Syrie et l'Irak, Al-Nosra entend fonder son propre «émirat» en Syrie, selon des analystes. Dans la province, le régime ne contrôle plus désormais que les villes de Jisr Al-Choughour et Ariha, quelques petites localités, l'aéroport militaire d'Abou Douhour, ainsi que cinq bases militaires.