Les grandes puissances et l'Iran sont parvenus jeudi à Lausanne, en Suisse, à un accord cadre sur le programme nucléaire de Téhéran un grand pas salué par la communauté internationale. Les négociateurs iraniens et ceux des grandes puissances, dit P5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) sont parvenus à s'entendre sur la majorité des points clés du dossier et à s'engager vers un accord final, après un marathon de tractations de 18 mois entre Genève, Vienne, New York et Lausanne. Selon l'accord-cadre, l'Iran a accepté de réduire considérablement le nombre de ses centrifugeuses, des machines servant à transformer l'uranium. Téhéran a également accepté de ne plus enrichir d'uranium pendant au moins 15 ans dans le site de Fordo. Selon les médias iraniens, un accord cadre d'une durée de dix ans prévoit que Téhéran ne maintiendrait que 6.000 centrifugeuses sur 19.000 actuellement. S'agissant de la levée des sanctions, l'accord prévoit que les mesures unilatérales américaines et européennes seront suspendues dès que le respect de ses engagements par l'Iran aura été certifié par l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA). Elles seront rétablies si l'accord n'est pas appliqué. "Bonnes nouvelles" sur les négociations sur le nucléaire iranien, avait annoncé la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini dans un message posté sur son compte twitter. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, a parlé de "solutions trouvées". "Prêts à commencer immédiatement la rédaction du texte" de l'accord final, a ajouté M. Zarif dans un tweet sur les négociations nucléaires à Lausanne. Il y a "une entente sur les points clés en vue d'un accord final", a déclaré pour sa part également dans un tweet le ministre allemand des Affaires Etrangères Frank-Walter Steinmeier. Plusieurs centaines d'Iraniens sont descendus jeudi dans les rues de Téhéran pour célébrer cet accord cadre. La communauté internationale salue la signature de l'accord Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a estimé que l'accord qui est une "solution complète, négociée au problème du nucléaire iranien contribuera à la paix et à la stabilité dans la région et permettra à tous les pays de coopérer de manière urgente sur les nombreux et graves défis en matière de sécurité qu'ils doivent affronter". M. Ban a relevé que l'accord décroché jeudi contraindrait le programme nucléaire iranien dans "des limites importantes" et mènerait à la levée de la totalité des sanctions internationales contre Téhéran. L'ONU, à elle seule, a pris quatre séries de sanctions contre l'Iran au sujet de ses activités nucléaires. M. Ban a également souligné que les besoins de l'Iran seraient respectés dans le cadre de cet accord, tout en donnant les garanties au monde que ses activités nucléaires ont un objectif civil. L'ambassadrice de Jordanie Dina Kawar, dont le pays préside le Conseil de sécurité ce mois-ci, a qualifié cet accord de "bonne nouvelle". "Nous espérons qu'il débloquera d'autres problèmes dans notre région", a-t-elle ajouté. L'Algérie s'est réjouit de la signature de cet accord qui "constitue une avancée significative sur la voie de la préservation de la paix et de la sécurité". Dans un communiqué, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a indiqué que l'Algérie a "toujours plaidé en faveur du désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes de destruction massive, appelé au règlement pacifique de cette question sur la base de l'impératif du respect du Droit international et souligné son attachement aux droits inaliénables des Etats, tels que garantis par l'article IV du TNP (Traité de non-prolifération), à l'utilisation pacifique de l'atome au bénéfice du développement". L'Algérie se félicite de cette "importante avancée qui devrait avoir un impact positif à la fois sur les efforts visant la tenue de la Conférence pour l'établissement d'une +Zone Exempte d'Armes Nucléaires+ au Moyen orient et sur les résultats de la neuvième (9ème) Conférence sur l'Examen du TNP devant se tenir prochainement à New York sous présidence algérienne", a-t-il ajouté. Pour sa part, le président américain Barack Obama s'est félicité de cette "entente historique avec l'Iran", soulignant que l'Iran "a donné son accord pour un régime de transparence et les inspections les plus approfondies jamais négociées dans l'histoire des programmes nucléaires". Le président américain a aussi mis en exergue les efforts de Téhéran au cours des mois écoulés: "L'Iran a rempli toutes ses obligations. Il a éliminé ses stocks de matériel nucléaire dangereux. Les inspections du programme nucléaire iranien ont augmenté", a-t-il souligné. "Dans cet accord repose le principe formulé par le président russe Vladimir Poutine, à savoir le droit inconditionnel de l'Iran à mener un programme nucléaire pacifique", s'est félicité de son coté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Pour Moscou, "il ne fait aucun doute que l'accord sur le nucléaire iranien aura un impact positif sur la situation sécuritaire globale au Moyen-Orient, y compris par le fait que l'Iran sera en mesure de participer plus activement à la résolution d'un certain nombre de problèmes et de conflits dans la région". Saluant l'accord sur le nucléaire iranien, la Turquie a souhaité que Téhéran franchira les pas suivants pour qu'il débouche en juillet sur un accord complet, alors que le souverain Salmane Ben Abdel Aziz d'Arabie saoudite a espéré "que l'on parvienne à un accord final contraignant qui conduira au renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région et dans le monde".