Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a évoqué dimanche avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif la reprise prochaine des négociations sur le programme nucléaire de Téhéran, a déclaré un porte-parole du département d'Etat. Les deux hommes se sont vus en privé, au cours de la matinée, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité. Six grandes puissances (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne) et l'Iran ont conclu fin novembre un accord intermédiaire sur le programme nucléaire de Téhéran, accord entré en application le 20 janvier. Les négociations en vue d'un accord définitif doivent reprendre le 18 février à Vienne. «Le secrétaire d'Etat John Kerry a réaffirmé l'importance de négociations de bonne foi de part et d'autre, ainsi que de voir l'Iran remplir ses obligations(...). Il a aussi déclaré que les Etats-Unis continueraient d'appliquer les sanctions en vigueur (contre Téhéran)», a dit un responsable du département d'Etat. Les puissances «5+1» veulent s'assurer que le programme nucléaire de la République islamique n'a pas de visée militaire, en contrepartie d'un allègement des sanctions internationales adoptées contre Téhéran. L'Iran n'a fait aucune déclaration concernant l'entrevue Kerry-Zarif de Munich. Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises depuis que le président iranien Hassan Rohani a été élu en juin dernier et a favorisé un dégel des relations entre Téhéran et l'Occident après des années de confrontation et de rhétorique hostile. La porte-parole de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, qui coordonne les négociations sur le programme nucléaire iranien au nom des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne, s'est félicitée de la rencontre Kerry-Zarif. «Il est toujours important que le secrétaire d'Etat, qui est absolument déterminé et oeuvre sans relâche en faveur du processus de conclusion d'un accord avec l'Iran, rencontre le ministre des Affaires étrangères Zarif», a-t-elle déclaré à la presse à Munich. «Il est essentiel que la communauté internationale entre désormais dans la phase des négociations plus larges, que le dialogue ait lieu et que nous trouvions une approche globale à la question», a-t-elle continué. Le sénateur américain John McCain, républicain, s'est voulu pour sa part prudent, déclarant que l'Iran avait longtemps trompé la communauté internationale. «Rohani s'est vanté auprès de l'un de ses médias de la manière dont il avait trompé les Américains et les négociateurs du temps où il était lui-même négociateur», a dit John McCain lors de la conférence de Munich. Il a souligné que «les travaux de construction se poursuivent à Arak (réacteur à eau lourde), les centrifugeuses continuent de tourner(...)». Dans une interview accordée samedi à Reuters et à l'International Media Associates, Zarif a déclaré que l'Iran n'était pas prêt à renoncer à ses recherches sur les centrifugeuses (qui servent à purifier l'uranium) dans le cadre d'un accord définitif sur son programme nucléaire. «Nous allons discuter des différents aspects du programme nucléaire, et je ne pense pas que la technologie et les sciences aient quoi que ce soit à avoir avec la prolifération», souligne-t-il. D'après un ancien responsable américain cité par le site d'information Al-Monitor, l'Iran aurait informé le P5+1 de sa volonté d'installer de nouvelles centrifugeuses dites IR-2m, une version améliorée des appareils existants. Si l'accord intérimaire de Genève autorise l'Iran à poursuivre ses activités de recherche et de développement, il lui interdit en revanche d'installer de nouvelles centrifugeuses.