Sous la présidence du magistrat Tayeb Hellali, le procès de l'autoroute Est-Ouest qu'abrite depuis dimanche la Cour d'Alger, s'est poursuivi hier avant l'audition des représentants des entreprises étrangères, au nombre de sept, citées dans cette affaire de détournement de deniers publics. DE l'interrogatoire de leurs représentants, il ressort un rejet en bloc des accusations retenues contre ces entreprises, à savoir «le recours au versement de pots-de-vin». La société chinoise Cetic-Crcc, chargée de la réalisation du tronçon ouest de l'autoroute accusée de complicité avec Chani Medjdoub, principal accusé dans cette affaire, a nié hier, par le biais de son représentant, tout lien avec le concerné. «Citic-CRCC n'a aucune relation avec Chani Medjdoub et n'a mandaté personne pour parler en son nom», a en effet affirmé à la barre le représentant du groupe chinois. «Certes, nous avions des difficultés techniques pour la réalisation de l'autoroute Est-Ouest, et nous avions élaboré un compte-rendu à notre direction et au maître de l'ouvrage qui n'est autre que l'Agence nationale des autoroutes (ANA)», a-t-il précisé. «Le groupe chinois n'a jamais payé de pots-de-vin», ajoute encore le même représentant. Même son de cloche du côté du représentant du groupe japonais Cojaal chargé quant à lui de la réalisation de l'autoroute Est. Les propos du représentant de Cojaal sont, en effet, identiques à ceux du représentant du groupe chinois. «Cojaal n'a jamais versé de pots-de-vin ou de commissions dans ce dossier», dira au juge le représentant de cette société. Il affirme que le groupe japonais a déboursé des sommes d'argent importantes «dans la location de logements, de voitures et de camions au profit de Mohamed Khelladi, dans le cadre du contrat avec l'Agence nationale des autoroutes (ANA)». Les autres représentants des entreprises convoquées dans cette affaire ont aussi expliqué au juge n'avoir nullement eu recours à la pratique de versement de commissions. Ils ont expliqué que tout l'argent que lesdites entreprises ont versé était de «bonne intention» pour paraphraser le propos du représentant de la société portugaise Coba. Il a également récusé avoir un quelconque lien avec Taj Eddine concernant l'obtention d'informations sur les grands marchés des projets du secteur en Algérie. A une question du procureur général concernant le versement de commissions à la société Mirland (Panama), représentée en Algérie par l'accusé Addou Taj Eddine, en dépit de l'existence d'une seule signature dans le contrat qui les lie, le représentant de la société portugaise a indiqué que le versement était en vue d'accélérer le rythme de travail entre les deux parties. Les représentants d'Isolux Corsan, de Caraventa SA et de Pizzaroti ont aussi nié hier devant le tribunal criminel d'Alger avoir payé une quelconque commission ou des pots-de-vin pour obtenir des contrats en Algérie. Ces trois entreprises ont affirmé qu'elles sont liées par des contrats-conseils pour l'étude du marché algérien confiée à une société de droit britannique dont Addou Sid Ahmed était le représentant. Interrogés par le président du tribunal si elles avaient payé directement Addou ou versé au compte de la société qu'il représente, les trois entreprises ont expliqué que l'argent a été viré au compte de la société et «non à Sid Ahmed Addou». Addou est accusé, selon l'arrêt de renvoi, «d'association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent». Addou Taj Eddine, accusé pour les mêmes chefs d'inculpation, est également passé à la barre. Celui-ci a notamment parlé des circonstances qui l'ont conduit à connaître Amar Ghoul, actuel ministre des Transports, à l'époque des faits de cette affaire, ministre des Travaux publics.