Le bilan est provisoire, mais il est déjà lourd : 5 morts, dont 2 terroristes. Pendant ce temps, en Libye, le nombre d'otages tunisiens est passé à 18. Dans le centre de la Tunisie, deux attaques ont été menées hier à l'aube à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011. Au point de contrôle de Bir Lahfay, deux membres de la garde nationale ont été abattus. Puis à Sidi Ali Ben Aoun, ce même groupe armé a tué un garde qui se rendait à son travail. La Brigade anti-terroriste (BAT) est intervenue. Un terroriste a été abattu et un autre blessé selon le ministère de l'Intérieur. «La double attaque menée à Sidi Bouzid a blessé douze personnes, dont trois grièvement. Les groupes armés qui ont perdu deux de leurs membres visaient la police et l'armée. On déplore, pour l'instant, trois morts, mais aujourd'hui des civils tunisiens ont été touchés», précise-t-on. Parmi les blessés, deux ont été évacués vers des hôpitaux universitaires, mais le directeur régional de la santé de l'hôpital de Sidi Bouzid refuse de dire où ils ont été transférés pour des raisons de sécurité. Selon le ministère de l'Intérieur tunisien, «la Garde nationale a voulu tendre, aujourd'hui à l'aube, une embuscade à deux terroristes à moto à Sidi Ali Ben Aoun à la suite de l'obtention d'informations, les suspects allaient mener une opération. Dans un premier temps, deux agents ont été tués», a indiqué le porte-parole du ministère Mohamed Ali Aroui. Les suspects ont ensuite pris la fuite avant de tuer un troisième agent qui se rendait à son travail, a expliqué la même source. Ils ont ensuite été pris en chasse par une unité d'élite de la gendarmerie. «L'un des deux terroristes a été abattu, le deuxième a été blessé et arrêté. Il est dans un état grave», a indiqué Aroui. La Tunisie est confrontée depuis la révolution de janvier 2011 à l'émergence de groupes armés et les heurts entre hommes armés et forces de l'ordre se sont multipliés depuis, sans que les autorités parviennent à les neutraliser malgré des centaines d'arrestations. Parallèlement, la population fait un sit-in pour refuser qu'un présumé terroriste blessé soit soigné. Cette attaque intervient alors qu'en Libye le nombre d'otages tunisiens s'élève à 18. Par ailleurs, à l'hôpital de Sidi Bouzid, la situation était chaotique selon des médias locaux. On manque de tout (sang, matériels, médecins spécialistes). Sidi Bouzid est devenue mondialement célèbre le 17 décembre 2010. Dans ce gouvernorat défavorisé (taux de chômage de 48% pour les diplômés), un vendeur illégal de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, s'était immolé par le feu en réaction à l'injustice policière et étatique. Depuis, la ville a connu une forte implantation salafiste. A quatre jours du Ramadhan, la Tunisie vit sous la menace libyenne (18 otages à Tripoli, dont 10 diplomates) et avec la crainte redoublée d'attentats. Depuis 2011, de petits groupes armés ont causé la mort de plus de soixante-dix militaires et policiers. Ces incidents prouvent une fois encore que les cellules terroristes connaissent les emplois du temps et les itinéraires des policiers.