Le Mexique et les Etats-Unis ont adopté un ton plus rassurant hier à propos de l'épidémie de grippe porcine, moins meurtrière que redouté, mais les autorités sanitaires ont appelé à la prudence face au risque d'une mutation et d'une résurgence du virus. Au Mexique, où la grippe A (H1N1) a fait 26 morts en dix jours selon les autorités, le président Felipe Calderon a annoncé une réouverture des commerces et restaurants mercredi, à Mexico, au grand soulagement des 20 millions d'habitants. La reprise d'activité est prévue progressivement à partir de jeudi pour les écoles et musées mais les cinémas, théâtres et discothèques restent fermés jusqu'à nouvel ordre. Le Mexique, épicentre de l'épidémie avec 776 malades, a «pris la tête de la lutte mondiale contre le nouveau virus» et son «action responsable» a permis de sauver «des milliers de vie dans le monde», a affirmé M. Calderon. Selon le ministre de la Santé, l'épidémie est en «phase de recul» au Mexique. Hier matin, l'OMS recensait 1124 cas de grippe porcine dans 21 pays, avec un bilan de 26 morts dont un seul en dehors du Mexique, aux Etats-Unis. Le virus n'a «pas l'air jusqu'à présent plus sévère qu'une souche de grippe saisonnière», qui fait chaque année 36 000 morts aux Etats-Unis, a noté le directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Richard Besser. Il a fait état de «signaux encourageants» aux Etats-Unis, qui comptent 286 malades dans 36 Etats. Pour contenir l'épidémie, 530 écoles ont été fermées et 330 000 élèves sont privés de cours. Pour la secrétaire à la Santé Kathleen Sebelius, «le danger serait que le virus revienne à l'automne sous une forme plus virulente». L'OMS a appelé à ne pas baisser la garde. La grippe porcine pourrait décliner avant de refaire surface avec une virulence sans précédent, a averti sa directrice générale, Margaret Chan. «Si cela se produisait, ce serait la pire des épidémies que le monde aurait à affronter au 21e siècle», a déclaré Mme Chan au Financial Times. Outre le Mexique et les Etats-Unis, le Canada (140) et l'Espagne (57 cas) figurent parmi les pays les plus affectés. Les Américains ont décidé d'accélérer la production du vaccin contre la grippe saisonnière et des spécialistes travaillent sur le H1N1 pour déterminer s'il convient de produire un vaccin contre ce nouveau virus. Certains pays ont renforcé leurs mesures pour éviter sa propagation. Au moins 4 Américains, une vingtaine d'étudiants canadiens et 70 Mexicains ont été placés en quarantaine en Chine après la confirmation vendredi d'un premier cas touchant un Mexicain arrivé à Hong Kong via Shanghaï. En outre 300 personnes sont confinées pour une semaine dans un hôtel de Hong Kong où le Mexicain avait transité. Après la suspension des vols entre le Mexique et la Chine, les deux pays ont organisé des vols d'avions spéciaux pour rapatrier leurs ressortissants. La Commission européenne a demandé d'éviter toute mesure injustifiée afin «d'éviter que la crise sanitaire ne devienne également une crise économique». Plusieurs pays ont restreint leurs vols ou escales touristiques au Mexique et d'autres comme la Russie ont interdit les importations de porc mexicain mais aussi provenant d'Espagne, des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou de provinces canadiennes. Après la découverte du virus sur un élevage porcin au Canada, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a toutefois préconisé une «surveillance étroite» des porcs. En Egypte, les autorités ont poursuivi l'abattage du cheptel porcin, justifié par des raisons d'hygiène, malgré des affrontements au Caire entre des policiers et des éleveurs, des chrétiens coptes.