Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a démenti hier avoir reçu l'instruction d'interdire la collecte de dons pour la construction des mosquées. «Nous n'avons reçu aucune lettre de la part des autorités publiques ordonnant l'interdiction de quêtes d'argent pour la construction des mosquées», a-t-il déclaré. Invité hier au forum de la Radio nationale, Mohamed Aïssa a tenu à souligner que son département n'a pas interdit la collecte d'argent pour la construction des mosquées. «18 000 mosquées ont été bâties grâce à la générosité de citoyens algériens», a-t-il précisé, ajoutant que «cette source financière est d'une grande importance dont le ministère ne peut se passer». Toutefois, le ministre a reconnu qu'il y a une anarchie dans les quêtes des dons qui ne sont pas soumises à des contrôles et ne sont pas toujours utilisées à bon escient. Il a indiqué à cet effet que son département projette de mettre en place une instance chargée de gérer cette source. Par ailleurs, le ministre a relevé que les sommes récoltées par le Fonds de la zakat en 2014 s'élèvent à 143 milliards DA, dont 87.5% ont été distribuées aux familles nécessiteuses. «Chaque famille a bénéficié de 10 000 DA au lieu de 2000 DA», a-t-il précisé. Cette somme sera, selon lui, distribuée quatre fois par an, soit chaque trimestre, pour les mêmes familles. L'invité de la radio a avancé dans ce contexte que 600 000 familles nécessiteuses ont été recensées par les autorités publiques, notant que la carte nationale de la pauvreté est en cours de mise à jour. «Cette carte sera réactualisée grâce aux listes élaborées par les municipalités et le ministère de la Solidarité nationale», a-t-il précisé. Concernant la mise en place d'une institution de la zakat au lieu d'un fonds, le même responsable a indiqué que ce projet a été soumis au gouvernement conformément à l'article 47 de la loi sur les associations. Les services du ministère reçoivent des notes provenant de différents ministères à ce sujet, a précisé M. Aïssa, soulignant l'importance du décret ministériel sur l'organisation des associations religieuses portant également création d'une institution de la zakat et d'une autre pour les wakfs et les actions caritatives en général. Le Fonds de la zakat jouira d'une base juridique qui permettra aux donateurs de la zakat de bénéficier d'exonérations fiscales, conformément à la loi de finances, ainsi qu'aux institutions assurant des services d'utilité publique, a-t-il ajouté. Le Fonds de la zakat ne sera pas détaché de la mosquée, a-t-il soutenu, soulignant que la mosquée «joue un rôle religieux et social complémentaire à celui d'autres institutions de l'Etat». Une instance pour la fatwa avant juin La mosquée se charge d'orienter et de convaincre les donateurs de la zakat algériens de la verser à cette institution, a-t-il dit. Concernant les préparatifs pour accueillir le mois de Ramadhan, le ministre a fait part d'un programme de sensibilisation basé sur un travail de proximité pour changer les mauvaises habitudes des citoyens durant ce mois sacré, notamment le gaspillage de la nourriture. A propos de la création d'une instance nationale de la fatwa, l'intervenant a indiqué qu'elle verra le jour avant le mois de juin. L'instance en question sera composée de savants en Islam, d'enseignants universitaires et de chercheurs. Dans chaque wilaya, ladite instance, qui sera ouverte aux imams de rite ibadite, aura un représentant qui se chargera de donner l'avis religieux aux citoyens. Quant à la crédibilité et à l'indépendance de cette future structure, le ministre s'est montré rassurant : «Soyez-en sûrs, les membres de l'instance nationale de la fatwa seront libres de leurs actes. Nous n'allons pas exercer une quelconque autorité sur eux».