L'année 2015 s'annonce "difficile" pour l'ensemble du secteur pétrolier qui va devoir couper dans ses dépenses dans un contexte de prix "obstinément bas", même si les grandes majors devraient résister mieux que les autres acteurs, selon l'agence Moody's. "Les compagnies d'exploration/production seront touchées les premières, et les entreprises de services pétroliers et les opérateurs +midstream+ (transport, stockage, vente en gros de produits raffinés) subiront les conséquences de la réduction des dépenses dans l'exploration/production", indique l'agence dans une note publiée mardi. Les prix du pétrole ont chuté ces dernières semaines à des niveaux les plus bas depuis plus de cinq ans autour des 50 dollars le baril, le "light sweet crude" (WTI), référence américaine, passant même lundi sous cette barre symbolique. Les compagnies pétrolières et parapétrolières sont donc contraintes de réduire leurs dépenses. Moody's évalue ainsi "entre 10 et 20% en fonction du niveau des prix" cette baisse des dépenses dans l'exploration/production hors Amérique du Nord en 2015. En Amérique du Nord, "si les prix se fixent à 75 dollars le baril en moyenne en 2015, les compagnies nord-américaines devraient réduire leurs investissements autour de 20% par rapport aux niveaux de 2014, tandis qu'une moyenne à 60 dollars le baril entraînerait une réduction de 30 à 40%", selon Steven Wood, responsable de la branche Corporate Finance chez Moody's. Dans les services pétroliers, l'impact sur les revenus des sociétés serait de -12 à -17% pour un baril à 75 dollars et de -25 à -30% pour un baril à 60 dollars, détaille Moody's. Mais Moody's estime que "les sociétés les plus importantes, comme Schlumberger, Haliburton et Baker Hughes, sont suffisamment fortes pour surmonter une baisse soutenue de l'activité pétrolière". Plus globalement l'agence juge que les majors, qui activent sur toute la chaine de valeur de l'or noir, de la production à la distribution, "sont les mieux placées pour réagir à ces prix bas". Elles ont en effet souvent programmés leurs décisions d'investissements "sur la base d'un baril entre 50 et 60 dollars, étant donné que les projets peuvent mettre des années à aboutir", affirme Moody's. Toutefois, alors que Total, ExxonMobil et Shell ont déjà annoncé une réduction de leurs dépenses en 2015, "de telles coupes chez d'autres, comme Chevron et BP, sont probables", prévoit l'agence.