Les majors pétrolières américaines, ExxonMobil et Chevron défient la chute des prix du pétrole sur fond de baisse de leur production respective, avec de gros bénéfices salués vendredi par les marchés. Lors des trois derniers mois, les deux premiers groupes énergétiques américains ont surpris marchés et observateurs en gagnant beaucoup plus d'argent que ce qui était attendu. ExxonMobil a dégagé un bénéfice net de 8,07 milliards de dollars (+2,5%), tandis que les gains engrangés par son compatriote Chevron s'élèvent à 5,59 milliards de dollars (+13%). En dépit du déclin des prix du brut, nos bénéfices trimestriels sont meilleurs qu'il y a un an, a lancé avec soulagement John Watson, le PDG de Chevron. A Wall Street, le titre ExxonMobil gagnait 1,29% à 95,67 dollars vers 14H40 GMT, tandis que Chevron prenait 0,66% à 117,99 dollars. ExxonMobil et Chevron semblent échapper aux répercussions négatives de l'abondance actuelle de l'offre de brut qui pousse les prix à la baisse à travers le globe. Ce n'est pas le cas de leurs rivaux ConocoPhillips et BP dont les bénéfices trimestriels ont baissé. BP a même averti qu'il pourrait retarder ses investissements futurs. ExxonMobil et Chevron tirent profit de leur modèle économique, qui les place à tous les échelons de l'industrie pétrolière: de l'exploration à la vente au consommateur via les stations à essence notamment. En effet, pour contrer l'effet négatif du pétrole à bas prix, le numéro un et le numéro deux américains de l'énergie se sont reposés sur l'aval, le raffinage, dont les marges ont été conséquentes. Traditionnellement quand les prix du brut sont bas, les coûts de traitement sont allégés, ce qui bénéficie aux raffineurs. ExxonMobil a ainsi gagné 1,02 milliard de dollars dans le raffinage, en hausse de 73% sur un an, tandis que les bénéfices de Chevron dans cette activité ont presque quadruplé en un an pour passer de 380 millions de dollars à 1,39 milliard de dollars.
Le pétrole à bas prix Les prix du pétrole vendu à New York ont chuté de 14,18 dollars (-13,5%) sur les trois derniers mois et de 17,69 dollars (-15,7%) pour le Brent écoulé à Londres, en raison d'un boom des énergies non conventionnelles (pétrole et gaz de schiste) aux Etats-Unis, d'un ralentissement de la demande en Chine et de craintes sur la croissance en Europe. La banque d'affaires Goldman Sachs a abaissé récemment ses prévisions pour le premier trimestre 2015, de 90 à 75 dollars pour le baril de pétrole new-yorkais et de 100 à 85 dollars pour le Brent, en raison de l'accélération de la production américaine et du rôle déclinant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour réguler les prix. Vendredi, le brut s'échangeait aux alentours de 80 dollars le baril à New York et à 85 dollars à Londres. Ces niveaux de prix suggèrent que les bénéfices des majors pétrolières devraient être affectés de façon importante au quatrième trimestre. Le risque c'est de voir les projets être retardés, les coûts augmenter et qu'ils (ExxonMobil et Chevron) réduisent les programmes de rachats d'actions, rémunération indirecte des actionnaires, commente Société Générale dans une note. D'autant que l'activité de production-exploration, plus grosse contributrice aux bénéfices, décline, les nouveaux puits pétroliers n'arrivant pas à compenser l'épuisement des vieux. La production de pétrole et de gaz de Chevron a reculé de 0,8% à 2,57 millions de barils équivalent pétrole par jour, tandis qu'elle a diminué chez ExxonMobil de 4,7% sur un an à 3,83 millions de barils équivalent pétrole, soit son plus bas niveau depuis septembre 2009. Pis, les dépenses d'investissement et d'exploration d'ExxonMobil ont baissé de 6,72% à 9,83 milliards de dollars ExxonMobil doit pourtant trouver de nouvelles terres d'exploration, alors qu'il est freiné en Russie, frappée par des sanctions économiques américaines. Le 27 septembre, son partenaire russe Rosneft a annoncé avoir découvert du pétrole en Arctique dans un puits lors de recherches menées dans le cadre d'un projet commun. Les sanctions donnaient toutefois jusqu'à la veille aux entreprises américaines pour mettre un terme à leurs activités dans cette région stratégique et potentiellement riche en hydrocarbures.