La Libye et les pays de la région «paient les frais» de l'intervention militaire internationale de 2011 qui a mis fin au régime de Mouammar Kadhafi, comme l'a indiqué avant-hier le président du Niger, Mahamadou Issoufou. Ces propos ont été prononcés à un moment où, encore une fois, est évoquée une éventuelle offensive militaire dans ce pays où, désormais, sont installés des terroristes se réclamant de l'organisation criminelle appelée «Etat islamique» (EI ou Daech), dirigée par Abou Bakr Al Baghdadi, sévissant en Syrie et en Irak. «Tous les pays sont conscients que ce qui se passe en Libye est inacceptable (...), pour une fois, il faut qu'on nous écoute, pour une fois, il faut qu'on nous entende», a encore dit le président nigérien, à l'issue d'un entretien avec le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, en tournée dans la région. Les pays voisins à la Libye seront-ils entendus, cette fois, contrairement à l'offensive militaire menée, il y a quelques années, par l'Otan en Libye ? Les conséquences de cette «ingérence» sont toujours là : Libye en dislocation, armes et munitions circulant à profusion, «djihadistes» installés en terre libyenne, instabilité, affrontements armés et insécurité. Les conséquences seront davantage désastreuses si une nouvelle offensive militaire est engagée en Libye, puisque ne pouvant que servir les intérêts des terroristes qui se sont installés dans l'est libyen. Les terroristes de Daech ou autres exploiteront cette éventuelle offensive militaire étrangère pour crier à «l'occupation» et, par là, «recruter» un plus grand nombre de «djihadistes». Les armes et les munitions sont déjà disponibles, de même que l'argent découlant d'une commercialisation illégale d'une partie du pétrole libyen, comme cela a lieu dans plusieurs localités de Syrie et d'Irak, profitant aux terroristes de l'EI. La situation sécuritaire pourrait se détériorer à l'image de ces deux derniers pays, où l'ingérence militaire étrangère y a semé le chaos et les a livrés aux terroristes. Une éventuelle offensive militaire étrangère en Libye pourrait reproduire ce scénario et arrangerait les affaires de Daech qui a installé un véritable «sanctuaire» dans ce pays. Dans sa première publication en langue française, dont nous disposons d'une copie, l'EI dit être présent dans trois endroits en Libye. Cette organisation terroriste qui exploite les moindres faits, pour sa propagande, ne manquerait pas de qualifier une éventuelle offensive militaire étrangère en Libye d'«occupation» pour «justifier» son appel au «djihad» en terre libyenne. C'est pour ces considérations que l'Algérie prône la réconciliation entre les différentes parties libyennes en conflit et la mise en place d'une véritable armée libyenne capable de faire face au terrorisme qui sévit dans ce pays. Cela permettra déjà de priver les terroristes de l'alibi d'«occupation», expliquent des observateurs.