Après s'être «horrifiée» des attaques contre les civils en Syrie, l'ONU a enfin décidé de soutenir «un plan de paix historique». Le Conseil de sécurité des Nations unies a, en effet, apporté son soutien, lundi, à un nouveau plan pour la paix en Syrie, approuvé pour la première fois en deux ans par la Russie et les 14 autres membres malgré les réserves du Vénézuela. Dans un communiqué commun, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies appellent à mettre fin à la guerre en «lançant un processus politique mené par la Syrie vers une transition politique qui rejoint les aspirations légitimes du peuple syrien». Cette transition comprend «l'établissement d'un corps dirigeant de transition inclusif avec les pleins pouvoirs, qui devrait être formé sur la base d'un consentement mutuel tout en assurant la continuité des institutions gouvernementales». L'initiative doit prendre forme dès le mois prochain. Quatre groupes de travail vont alors se pencher sur les thématiques suivantes : la sécurité et la protection, le contre-terrorisme, les questions politiques et légales ainsi que la reconstruction. Cette nouvelle approche a émergé en juin dernier. À l'origine de l'initiative, l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, a multiplié les consultations informelles avec les parties prenantes du conflit en début d'année. Au cours d'une visite de quelques jours à Damas, il avait notamment rencontré Bachar el-Assad et son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem. L'objectif de ces échanges était de voir ce qui a changé depuis l'adoption du fameux «communiqué de Genève», il y trois ans. Six mois plus tard, la conférence de paix, dite de Genève 2, s'était soldée par un échec. Le représentant permanent adjoint de la France à l'ONU, a même qualifié «d'historique» cette initiative. «Pour la première fois en deux ans, le Conseil de sécurité s'unit et passe un message en soutien au processus politique en Syrie», surenchérit Alexis Lamek. Le Venezuela s'est toutefois dissocié de plusieurs parties du communiqué en 16 points du Conseil, qui appelle principalement à une transition politique en Syrie, qui est dans sa cinquième année de conflit. L'ambassadeur vénézuélien auprès de l'ONU, Rafael Ramirez, a estimé que ce texte établit «un précédent très dangereux», en soutenant une transition qui, dit-il, viole le droit des Syriens à l'auto-détermination. Cette importante décision intervient, rappelons-le, au lendemain d'un nouveau raid meurtrier. Les avions du régime ont visé un marché très fréquenté de la ville de Douma, tenue par les insurgés depuis près de trois ans. L'attaque, qui a fait au moins 96 morts, a suscité une vague d'indignations au sein de la communauté internationale. En visite à Damas au moment des frappes, le patron des affaires humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, s'est dit «horrifié par l'absence totale de respect de la vie des civils dans ce conflit». Staffan de Mistura a jugé «inacceptable pour un gouvernement de tuer ses propres citoyens quelles que soient les circonstances». Cette dernière déclaration a amené une réplique cinglante du ministre syrien des Affaires étrangères : «De Mistura s'éloigne, avec ses dernières déclarations, de l'impartialité dans l'exercice de sa mission, en tenant des propos dénués d'objectivité.»