Une consœur poursuit un gardien à la cité pour trois délits !!! Zohra est une consœur victime d'actes de vandalisme, d'insultes, d'injures et de menaces. Le parquet inculpe le détenu de destruction de bien d'autrui et d'état d'ivresse manifeste. Le voisin inculpé nie l'état d'ivresse. Samir Hamel, le procureur de l'audience, lui rappelle qu'il avait reconnu les faits au bureau. Le détenu dont le visage vire du jaune-citron au pâle a suivi les accusations de la victime qui a même donné l'heure du délit : trois heures vingt du matin et surtout le silence des voisins qui dormaient probablement à poings fermés. «La police n'est arrivée qu'à quatre heures du matin.» Le prévenu dit : «Cinq heures alors que j'arrosais les plantes». Barik, le juge, sourit devant ce détail : «C'est normal d'arroser les plantes à l'aube». La victime rappelle que le prévenu est un récidiviste. D'ailleurs, il va jusqu'à démentir le procureur lorsqu'il parle de malentendu pour ce qui est de l'état d'ivresse, vu sa menue taille et son costume saharien pas repassé, le prévenu fait vraiment «agresseur» et sa voisine qui va enfin faire plaisir à Barik en s'exprimant en langue arabe va tout déverser sur lui en assurant qu'en prenant le «sel» avec sa sœur voisine du premier étage et lui-même, elle ne pouvait pas en rajouter pour ce qui est des trois délits : «Oui, il a détruit le grillage installé devant mes fenêtres du rez-de-chaussée. Oui, il m'a fait peur, il m'a terrorisée, il m'a brisé tout ce que j'avais de plus cher. Il, il, il, il...», avait-elle récité en réaffirmant vingt fois qu'elle était encore sous le choc, traumatisée par ce dangereux comportement. Elle fera même perdre de précieuses minutes au tribunal en ne sachant pas déterminer le montant des dégâts. Il a fallu que maître Lamia Merrouche qui s'était levée pour effectuer les demandes spontanément «dix millions de centimes». Barrik la remercia pour cette délivrance. Elle est si traumatisée Zohra qu'elle pardonne à son «bourreau» mais demande dix millions de dommages pour les dégâts causés. Hamel, le procureur requiert une peine de prison ferme. Maître Lakhdar Amari débute sa plaidoirie par maudire l'ingratitude : «Voilà ce Hafidh qui s'occupe d'un îlot d'ordures ménagères et le rend agréable à la vue. Pourquoi cette victime de Zohra n'avait rien entrepris pour aménager cet espace vert, oui, à trois heures vingt il y a du bruit mais c'est elle qui a soulevé un tintamarre par des cris de guerre juste pour punir Hafidh qui n'a jamais brisé les vitres de la fenêtre. Il a été bousculé contre la fenêtre. Etat d'ivresse ? Où est donc le taux d'alcoolémie ?» L'avocat va même s'oublier et aller au fond du «traumatisme» de la victime à qui il reproche beaucoup d'exagération dans ses lamentations. La défense regrette beaucoup cette entreprise car le prévenu ne mérite pas cette attaque en règle et toutes ces accusations qui ont donné naissance à trois délits pour lesquels le parquetier, tel un robot, s'est limité aux seules demandes sans étaler une seule preuve, ne fusse que le taux d'alcoolémie, a conclu l'avocat qui n'a eu de cesse de prier le président de revoir cette audience où presque tout doit être vérifié et revérifié car la relaxe au bénéfice du doute doit être la seule sentence à retenir. Et ce sera ce vœu que retiendra Hadj Rabah Barik, le juge qui ira effectivement à la relaxe au bénéfice du doute. «Ces histoires de voisinage font perdre un temps précieux à tous», s'est exclamé le juge avec une grimace... brune!