Face aux accusations de dopages organisés et de corruption dans l'athlétisme russe, Vladimir Poutine a ordonné, mercredi 11 novembre, l'ouverture d'une enquête. Le président russe estime que seuls les coupables, et non l'ensemble des sportifs russes, devraient être sanctionnés. «Nous devons tout faire en Russie pour nous débarrasser de ce problème et il faut effectuer notre propre enquête», a déclaré Vladimir Poutine à la télévision russe, appelant les responsables sportifs russes à la «coopération la plus ouverte, la plus professionnelle avec les structures internationales antidopage». Le président russe prenait la parole pour la première fois depuis le début du scandale de dopage et de corruption dans l'athlétisme russe. Poutine, qui a fait du sport une de ses priorités stratégiques pour le rayonnement de la Russie à l'étranger, a résumé son credo : faire la lumière sur les accusations de système généralisé de dopage et de corruption des athlètes russes, protéger les sportifs du dopage et sanctionner les seuls responsables, pas l'ensemble des athlètes. «Ce problème n'existe pas qu'en Russie, mais si nos collègues étrangers ont des questions, il faut y répondre pour qu'ils n'en aient plus», a insisté le chef d'Etat russe. Mesures antidopage Le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, n'a pas exclu pour sa part que la Russie puisse notamment «réfléchir à l'introduction de poursuites pénales» contre les athlètes contrôlés positivement pour dopage. «Nous sommes [...] prêts si nécessaire à nommer un spécialiste étranger à la tête du laboratoire antidopage de Moscou», a par ailleurs indiqué le ministre à l'agence de presse R-Sport, alors que ce laboratoire est au cœur des critiques. L'ancien directeur du laboratoire moscovite qui est au centre des soupçons, Grigori Rodtchenkov, vient de démissionner. Dans son rapport publié lundi, qui a déclenché le séisme, l'Agence mondiale antidopage (AMA) l'accusait d'être au cœur d'un système généralisé de dopage qui incluait la destruction des tests positifs. Malgré ces gestes d'ouverture, la Russie entend rester ferme. L'exclure des JO-2016 en athlétisme viserait à se débarrasser d'un «concurrent important» et à «souiller l'image» du pays, a protesté mercredi M. Moutko. Cet énorme scandale rappelle le dopage institutionnalisé mis en place du temps du bloc soviétique, notamment en RDA. Dans son rapport, l'AMA a affirmé que le système de dopage identifié n'avait pas pu exister «sans l'approbation tacite ou explicite des autorités gouvernementales russes». La question de l'implication d'autres pays et d'autres sports dans des scandales de dopage est ouverte. «La Russie n'est pas le seul pays, ni l'athlétisme le seul sport à faire face au problème du dopage organisé», a rappelé l'AMA dans son rapport. «La Russie n'est pas le seul pays» «C'est injuste de se concentrer uniquement sur la Russie. Il devrait y avoir la même enquête sur des pays comme le Kenya et l'Ethiopie», a déclaré mercredi le lanceur d'alerte russe Andrey Baranov au journal britannique The Guardian. La Chine est aussi régulièrement pointée du doigt par des experts. Au-delà de la seule question du dopage, le scandale actuel est aussi marqué par des soupçons de corruption. Le Sénégalais Lamine Diack, 82 ans, qui a quitté en août son poste de président de l'IAAF après 15 ans de règne, est accusé d'avoir couvert le dopage d'athlètes russes moyennant finances. Le numéro un du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a déclaré avoir «confiance» dans le nouveau président de l'IAAF, Sebastian Coe, pour «nettoyer» l'institution.