Rencontré au centre de presse d'El Moudjahid où il a animé une conférence-débat, le patron de la compagnie Aigle Azur a bien voulu répondre à nos questions. Il nous a indiqué que l'activité du transportaérien a été lourdement affectée par la crise financière. Cet été, il y aura moins d'immigrés algériens à rentrer au pays en raison du chômage et du manque d'argent. Le Temps d'Algérie : La compagnie Aigle Azur a décidé de renforcer ses dessertes durant la période estivale. Peut-on avoir plus de détails sur votre programme et vos objectifs ? Arezki Idjerouidène : Pour cet été, nous aurons au total 3185 vols représentant environ 700 000 sièges ouverts uniquement pour la période d'été, entre l'Algérie et la France. C'est un programme de base. Nous pouvons ouvrir d'autres vols supplémentaires si la nécessité se fait sentir. Mais nous avons constaté que cette année va être une année difficile par rapport aux précédentes. Pour ce faire, nous avons commencé à redynamiser le marché grâce à nos tarifs promotionnels qui sont moins élevés que l'été dernier, avec un taux de réduction estimé à 20% par rapport à l'année écoulée. Vous attendiez donc, cette année, une chute du trafic aérien vers l'Algérie ? En effet, la demande n'est pas très forte. Il faut avouer que les effets de la crise financière se font ressentir. Cependant, nous avons constaté qu'en début de mois, les ventes augmentent. Cela est lié au pouvoir d'achat des citoyens percevant en cette période leurs salaires. Mais au fur et à mesure, la demande baisse. Nous sommes en train d'encourager avec les différentes compagnies les tarifs incitatifs, et ce pour booster les ventes et encourager les gens à voyager. Par conséquent, cela nous permettra de garder et de maintenir nos activités. Cette baisse des tarifs est historique dans le pays. On a adapté une politique permettant à chacun le tarif qui lui convient. En baissant les prix des billets, nous avons fait un pari, celui de remonter le taux de remplissage de nos avions. En basse saison, nos taux de remplissage étaient à 80%. Ce qui ne s'est jamais produit auparavant. Nous continuons sur la même politique, surtout que cette année, la saison estivale est écourtée du fait de l'approche du mois de ramadhan.
La convention signée entre Air Algérie et le ministère de la Solidarité semble vous déranger. Pouvez-nous dire quelques mots sur ce point ? Cet accord ne nous a pas dérangés, mais il reste inacceptable, car pour aller acheter un billet d'avion, on doit ramener des documents. Ce dispositif n'est pas facile à mettre en place. Aujourd'hui, malgré cette convention conclue pour réduire les tarifs, je défie quiconque de donner des billets moins chers que ceux d'Aigle Azur. Peut-on parler de concurrence déloyale ? Nous avons affaire à des compagnies d'Etat. Donc, il faut faire avec. Que représente l'Algérie dans votre chiffre d'affaires ? Notre chiffre d'affaires de l'année 2008 était un plus de 300 millions d'euros. Cette année, on vise les 320 millions d'euros et l'Algérie représente près de 40%. Et en termes de transport de voyageurs, peut-on avoir un bilan ? Aujourd'hui, Aigle Azur transporte, sans compter les vols charters, 1 650 000 passagers. Avant mon arrivée, en 2001, la compagnie se contentait de louer ses avions. En 2001, la compagnie employait 54 personnes et actuellement nous sommes à plus de 1000 personnes. Comment votre réussite dans le domaine du transport aérien est-elle perçue aujourd'hui en France ? Si l'ancien président français Jacques Chirac m'a remis la Légion d'honneur, c'est parce que Aigle Azur a réellement joué un rôle important. Nous avons développé notre compagnie et elle est devenue la troisième en France. Le président Nicolas Sarkozy devra aussi me féliciter et me remettre, lui aussi, une décoration. C'est vous dire que nous avons travaillé pour le bien-être de tous.