Après une très longue absence, le Festival du film méditerranéen (FAFM) est revenu sur le devant des activités culturelles en Algérie. Jeudi dernier, le cours de la Révolution de Annaba a pris des allures de Festival de Cannes. Allures, parce qu'à part le tapis rouge, tout le reste n'a pas suivi. Et àa commence dès le début de la matinée lorsque les autorités locales ont décidé de fermer les rues menant aux alentours du théâtre Azzedine-Medjoubi. La ville semble s'être figée. Un dispositif très important de policiers a été mobilisé sur les places et rues de la coquette. 19h, début des festivités officielles. Le cours de Annaba est bondé. Le public est impatient de découvrir le visage des artistes, réalisateurs et hôtes en général. Pourtant, ils ne les verront que de très loin, trop de barricades et de sécurité leur ont été imposées. En attendant l'arrivée des festivaliers, le comité d'organisation a offert aux présents un spectacle de rue tout en folklore. Charges de baroud, chevaux, cavaliers ont donné le ton à l'ouverture du FAFM. A l'intérieur du théâtre Azzedine-Medjoubi, l'important dispositif de sécurité est toujours aussi présent. Impossible d'approcher les hôtes sans se faire rabrouer sans aucun ménagement de la part de la multitude d'agents de sécurité. Et ce fut pire encore lorsque les ministres de la Culture et des transports, accompagnés du wali de Annaba et du plus célèbre des députés de la région, en l'occurrence Baha Eddine Tliba, ont fait leur apparition sur le tapis rouge. Ce protocole trop officiel a dénaturé complètement cet espace de rencontres privilégiées et contribué à rompre toute communication ou échanges entre les festivaliers, les médias et le public. Sous les feux d'artifice Les seules étoiles que le public a pu apercevoir le soir de l'ouverture du FAFM ont été les feux d'artifice. Sur le tapis rouge du cours de la Révolution, de grosses berlines noires ont déposé au pied du théâtre des stars du cinéma algérien et étranger, à l'image de Yamina Benguigui, Djamel Allam, Yamina Chouich, Malika Laichour, Amel Wahbi qui vient présenter sa première œuvre, Sid Ahmed Agoumi, fortement ovationné par le public, Fawzi Saïchi, Farida Saboundji, Hassan Kechache, Ghaouti Bendedouche, Rym Takoucht… Cette dernière a d'ailleurs a été sollicitée pour représenter Fettouma Ousliha à l'hommage qui lui sera rendu plus tard dans la soirée. Kassaman… C'est sur le premier couplet de l'hymne national que la soirée a démarré, interprété par l'orchestre national symphonique sous la baguette du maestro Rachid Saouli. Le public, dans un seul et même élan, s'est levé pour donner à ce moment toute sa solennité. Ce Salem donnera plus tard dans la soirée l'occasion à l'orchestre d'interpréter trois extraits des bandes originales des films Patrouille à l'Est, de Amar Laskri, les Vacances de l'inspecteur Tahar, de Moussa Haddad, et Cheikh Bouamama, de Benamar Bakhti. Ensuite, c'est une animatrice importée de France, Mouna Douaibia, correspondante pour le compte de la Radio internationale Monte-Carlo, qui est montée sur scène. Fait étonnant, cette jeune fille enchaînera une série de cloaques sans que personne ne vienne à son secours. C'est d'ailleurs elle, dans un geste très simple qui a donné le coup d'envoi officiel du FAFM. Ni le wali ni le chef de daïra, encore moins les députés et les deux ministres installés au premier rang, n'ont été invités. Confusion des genres De la pantomime ! Voilà ce que Saïd Ould Khelifa, commissaire du FAFM, a décidé comme plateau pour sa soirée d'ouverture. Il a invité le mime Haytem Bensbaa à se produire devant une salle médusée par ce manque flagrant d'imagination. Le mime sur la scène d'un théâtre pourrait effectivement ne pas choquer ! Cependant, un mime en trois figures pour un festival de cinéma relève de l'absurde. Haytem Bensbaa a été, selon certaines indiscrétions, imposé par Azzedine Mihoubi en personne. L'artiste, qui sans doute doit exceller dans son créneau, a entamé sa prestation sous les tirs croisés de mitraillettes qui l'ont conduit en prison. S'accrochant à des barreaux, dont lui seul pouvait ressentir la dureté, il a fini par se pendre avec des draps invisibles. Autre incongruité, il a interprété le rôle d'un alcoolique traînant sa misère dans la cité où il n'avait de cesse de faire l'aumône. Harcelant, dans des gestes rapides, des passants invisibles qui somme toute ne le voyaient pas. Du cinéma sans courtset sans docs Dix-neuf projections auront lieu tout au long du Festival du film méditerranéen. Principalement au théâtre Azzedine-Medjoubi et à la maison de la culture. Les horaires des séances sont prévus à 10h30, 14h30, 16h30 et 18h30. Mais en ouverture du FAFM, les organisateurs ont dû oublier qu'il s'agissait de cinéma. Aucune production cinématographique n'a été prévue. Aucun extrait de film, de court, de documentaire, n'a défilé dans les triples, voir quadruples écrans qui ont été aménagés pour agrémenter le prolongement de ce qui se passait sur la scène. Des participants ont assisté finalement à des projections d'affiches et de spots promotionnels du festival. «Nous avons vu des gens défiler sur la scène ; parfois, il était impossible de savoir de qui il était question», s'est exclamé une dame dans le public. En effet, l'animatrice, maîtresse de cérémonie, a omis de donner le micro à ceux qui se présentaient à elle. Cette séquence s'est déroulée notamment au moment des hommages rendus par exemple à Amar Laskri, Bakhti Benamar, Abdou B., Omar Sharif, Ahmed Snoussi, Moussa Haddad, Nour Sherif et Fettouma Ousliha. De notre envoyée spéciale à Annaba :