Le respect des normes de qualité demeure le véritable obstacle pour les exportateurs algériens. En dépit des efforts soutenus en la matière, les opérateurs ont du mal à s'adapter aux exigences des pays destinataires. «Lors de l'opération d'exportation, les opérateurs économiques s'intéressent aux différents aspects liés au domaine fiscal, logistique ou autre, mais ignorent le volet relatif aux normes au niveau du pays où ils ont l'intention d'exporter. Or, aucune entreprise ne peut exister sans veille normative, car les règlements techniques peuvent être révisés, voire remplacés régulièrement», nous fait savoir Djamel Halès, directeur d'information et marketing au niveau de l'Institut algérien de normalisation (Ianor). Rencontré à l'occasion du Salon des exportations Djazair Export Algeria Export, qui se tient au Palais des expositions, ce responsable a indiqué que son institut pourra assister les exportateurs en leur assurant une veille normative et peut les assister pour l'obtention du certificat de conformité exigé par le pays où ils comptent exporter. En l'absence de données sur les échecs d'opérations d'exportation, l'Ianor réalisera une enquête à travers laquelle cet institut tentera de connaître le nombre d'entreprises qui ont rencontré des problèmes à cause des normes.«Les produits algériens sont de bonne qualité mais, pour un bon nombre de produits, l'emballage n'est pas conforme», tient à relever notre interlocuteur. Les entreprises algériennes travaillent encore selon des procédures «obsolètes». Certains exportateurs estiment que les contraintes rencontrées sur le terrain font que la question de normalisation est souvent reléguée au second plan. Selon eux, les opérateurs font face à plusieurs difficultés liées notamment au système bancaire et à l'absence d'accompagnement à l'export. Pour Mouloud Melzi, gérant de l'entreprise Mazafroid spécialisée dans la fabrication des glaces, l'Algérie est un pays peu communicatif qui ne prospecte pas les marchés extérieurs. Il citera le cas des produits carnés qui sont actuellement interdits d'exportation en Europe à cause de la fièvre aphteuse. Cette mesure d'interdiction devrait être levée, car l'Algérie n'enregistre aucun nouveau cas depuis deux ans, observe-t-il. Mais du fait que l'Algérie n'a pas fait de démarches auprès de ses partenaires européens pour leur expliquer l'éradication de cette maladie, les produits carnés demeurent interdits en Europe. Le même cas est constaté pour les produits avicoles qui sont interdits à cause de la grippe aviaire alors que l'Algérie n'a enregistré aucun cas. Pour son entreprise, le responsable a souhaité que les accords bilatéraux conclus avec les pays partenaires de l'Algérie soient appliqués de la même manière par les deux pays. Les services commerciaux au niveau des ambassades sont appelés à assurer la veille économique pour pouvoir accompagner les exportateurs. Après avoir réussi l'exportation vers la Libye, l'entreprise Mazafroid compte exporter vers la France et l'Espagne. Cette entreprise sélectionnée dans le cadre du programme challenge Optimexport (accompagnement personnalisé à l'exportation) compte augmenter sa capacité de production à travers une nouvelle extension. L'entreprise publique de production du sel (Enasel) a exporté, quant à elle, vers l'Europe. Certifiée ISO 9001, cette entreprise, selon Abderrahmane Rezag, responsable des relations publiques, réalise près de 25% de son chiffre d'affaires grâce à l'exportation. Cependant, en raison de la rude concurrence, cette société en appelle à l'intervention de l'Etat en vue d'aider à maintenir sa présence à l'international. Ces quelques exemples démontrent que des entreprises algériennes ont franchi le cap de l'exportation, mais il n'en demeure pas moins que le soutien et le suivi sont indispensables afin de multiplier ces expériences. Notons au passage que la première édition du Salon de l'exportation baissera rideau aujourd'hui et donne rendez-vous à l'an prochain.