Pourquoi notre produit a des difficultés à s'exporter quand les institutions publiques ont pris plusieurs mesures d'accompagnement et d'encouragement des PME qui sont en principe source de production par excellence ? Pourquoi les différents plans de développement n'ont pas pu rendre les PME plus performantes pour devenir des champions sur le marché ? Un extrait du programme d'action et de développement engagé par le ministère de la PME nous indique que beaucoup d'actions ont été engagées mais les plus intéressantes sont restées à l'état de projet et qui sont pour l'essentiel les suivantes : - Appui à l'innovation technologique dans les PME - Création de centres techniques par filière d'activité - Consortium des PME exportatrices Le document du ministère de la PME nous indique également que la PME est un secteur fortement exposé aux nouvelles exigences du libre-échange, elle est confrontée à de nombreuses difficultés qui sont : - Insuffisante maîtrise des méthodes modernes de management - Insuffisante connaissance des marchés - Faible recours au conseil et à l'expertise - Gestion de type familial Toutes ces insuffisances reconnues explicitement par l'institution ont un dénominateur commun, l'absence de l'innovation et de la R&D, à notre avis c'est le maillon faible de la démarche en l'absence d'une véritable stratégie qui est toujours revendiquée par le CNCPME. Les gros efforts consentis par ce département ministériel restent insuffisants pour rendre ces PME plus compétitives sur le marché international. Que faudrait-il faire pour lever ces insuffisances tout à fait réelles et reconnues par de nombreux experts ? À notre avis, il faut engager un changement radical dans le modèle de management car la gestion de l'entreprise d'aujourd'hui devient un art où il s'agit d'intégrer les nouvelles technologies pour créer de nouvelles dynamiques de production et former des champions. Comment dépasser ce handicap d'immobilisme et de stagnation ? À notre avis, il faut engager un accompagnement de qualité à travers la recherche et le développement et la mise en place impérative de la passerelle entreprise, université et centres de recherche, ce qui constitue sous d'autres cieux la meilleure solution pour garantir les meilleures chances de succès. Un certain nombre de questions s'imposent aujourd'hui sur le niveau de la recherche et du développement en Algérie. 1. Combien de mémoires et de thèses qui ont coûté aux étudiants des nuits blanches et plusieurs années d'études sont restés dans des tiroirs sans qu'on prenne la peine de les regarder et qui peuvent sans aucun doute résoudre beaucoup de problèmes de management ou de fabrication ? 2. Combien de demandes de recherches sont commandées par des entreprises aux centres de recherches universitaires (apparemment, il n'y en a pas beaucoup) ? 3. Combien de réflexions sont faites par des éminents professeurs et chercheurs à l'occasion des colloques et des conférences qui sont restées lettre morte après l'événement ? 4. Combien de brevets ont été déposés et combien ont été achetés par nos entreprises ? 5. Combien d'étudiants et de chercheurs algériens sont en train de faire le bonheur des entreprises à l'étranger pour une bouchée de pain en l'absence de considération locale ? Toutes ces questions fâchent et font mal. Est-ce une fatalité ? Et pourtant, financer une recherche et parrainer une thèse ne représentent pas une grosse charge pour une entreprise en comparaison avec le résultat escompté. Les managers des PME qui ambitionnent d'exporter leurs produits doivent désormais baser leur démarche sur trois aspects fondamentaux. Il s'agit de : - La compétence pour le savoir-faire, c'est-à-dire l'apprentissage des nouveaux modes opératoires et le respect des normes internationales de fabrication. - La performance pour le savoir-gagner, c'est-à-dire mieux produire, performant et être le meilleur en délai, prix et qualité. - Le savoir-être, c'est-à-dire l'amélioration des réactions face à de nouvelles situations avec une attitude marketing à toute épreuve. Ces trois critères passent par la ressource humaine qui constitue l'élément incontournable dans la démarche stratégique de la PME, et cela suppose une liaison ininterrompue entre l'université, les centres de recherche et l'entreprise. M. Le Mipi, dans une de ses interventions, a déclaré que la promotion des ressources humaines est un facteur déterminant de la croissance du secteur industriel qui aiderait à s'adapter aux transformations attendues. Il a estimé que le secteur industriel présente des déficits en matière d'expertise. Il en appelle à un soutien plus important au développement des ressources humaines et une adaptation de l'offre à la demande. Ce qui est vrai mais qui n'a pas enregistré de réactions de la part des managers confrontés au problème de la performance et des compétences. Pour ce qui concerne la recherche, cela reste le parent pauvre. En effet, les centres de formation et R&D qui favorisent l'innovation au sein des entreprises restent encore très frileux, du moins leur travail n'est pas mis à disposition des utilisateurs. Dans la plupart des pays, la R&D et l'innovation ont pris une nouvelle orientation et une nouvelle forme, où le consommateur y est plus que jamais le centre d'intérêt. L'innovation devient la réponse idoine aux besoins du consommateur qui est en évolution permanente (qu'il faut donc prédire ou tout au moins anticiper) pour une pénétration ou une acquisition de parts de marché plus importantes. L'innovation est devenue un modèle interactif entre chercheurs, entreprises (partenaires et concurrents) et pouvoirs publics, elle est donc le point de jonction des activités scientifiques et de marketing où se conjuguent les efforts autant en recherche scientifique et technologique qu'en marketing. Sur le plan du développement des ressources humaines, à notre avis, il est absolument nécessaire d'encourager la formation de pôles d'excellence qui seront engagés dans la compétition internationale en synergie étroite, des activités de formation, de recherche et d'innovation. Ces pôles doivent être attractifs à la fois pour les étudiants les plus brillants, les scientifiques les plus renommés et les entreprises innovantes les plus dynamiques, et être en mesure de jouer un rôle local fort et avoir une grande visibilité internationale. Une industrie ouverte à la recherche et une recherche tournée davantage vers l'industrie ne peut que favoriser un développement certain en créant des synergies. À notre avis, les budgets de soutien pour la relance des activités des PME exportatrices, mobilisées par les pouvoirs publics, doivent être orientés vers la prise en charge et l'encadrement de la R&D et le lancement d'un centre d'intelligence économique pour faciliter l'accès aux informations économiques et aux données du marché. En conclusion, notre réflexion consiste en une modeste contribution pour dire que dans toutes nos démarches où nous avons nous-mêmes participé, nous avons certainement occulté l'essentiel qui est la recherche, le développement et l'innovation. Notre but serait d'attirer l'attention sur les véritables obstacles des exportations hors hydrocarbures pour enfin changer de fusil d'épaule et ne plus se tromper de cible. En fait, si les mesures d'accompagnement financées par le fonds de soutien sont indispensables à plus d'un titre, il reste d'autres mesures telles que la gestion du produit lui-même qui ne remplit pas encore les critères d'exportation (normes internationales et concurrence) où les avantages comparatifs jouent un grand rôle. À notre avis, il faut s'atteler désormais à rendre le produit plus performant et plus attrayant à travers de nouvelles performances industrielles, avec l'apport des innovations conduites par des scientifiques, sinon à quoi sert l'université et ses centres de recherche. d. y.