Photo : Hacène Par Salah Benreguia L'heure de l'après-pétrole a sonné. L'Algérie doit d'ores et déjà préparer l'après-pétrole en mettant en œuvre une stratégie permettant la promotion et le développement, tous azimuts, des exportations hors hydrocarbures. L'Algérie, dont l'économie est, depuis longtemps, mono-exportatrice, est condamnée à diversifier ses exportations et promouvoir le segment hors hydrocarbures. Toutefois, le développement des exportations hors hydrocarbures en Algérie reste tributaire de l'efficacité de la politique élaborée par le gouvernement, ainsi que de la mise à niveau des entreprises (management de haut niveau, modernisation de l'outil de production, innovation et création de nouveaux produits, adaptation qualitative et des prix aux exigences des marchés étrangers, respects des délais …).C'est l'idée générale du constat établi par les participants à la deuxième édition du Salon de l'export «Djazaïr Export», tenu du 03 juin dernier hier à Alger. Pour donner plus d'impact à l'édition de cette année, ses organisateurs, l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) en collaboration avec Ubi France qui a lancé en Algérie le programme Optimexport, l'ont fait coïncider avec la tenue de la 43ème Foire internationale d'Alger (FIA) pour permettre aux exportateurs algériens d'avoir une plus large audience et de faire connaître le produit local aux visiteurs professionnels étrangers ayant fait le déplacement pour la FIA. En effet, le public visé, selon le premier responsable de l'Algex, M. Bennini, est composé de visiteurs professionnels étrangers (acheteurs potentiels, investisseurs dans les secteurs d'exportation, partenaires étrangers d'entreprises algériennes) invités spécialement à la 43ème édition de la FIA. L'un des faits ayant marqué ce salon est la présence de représentants d'institutions et auxiliaires du commerce extérieur. «Le fait de faire venir, comme l'année précédente, ces d'auxiliaires apportera, sur place, des réponses adéquates aux sollicitations des exportateurs sur des questions pratiques, telles que les régimes économiques douaniers à l'export, les dispositions financières et fiscales, les aspects bancaires et de financement des opérations d'exportation, la logistique à l'export, les normes, les certifications, les emballages, les régimes préférentiels avec certains pays et le soutien de l'Etat aux exportations» ajoute M. Bennini.En plus de la présence de ces auxiliaires, on note la représentation de la majorité des segments d'activité hors hydrocarbures, y compris les services. 49 entreprises parmi lesquelles 27 exposants Challengers Optimexport représentant les PME qui suivent le programme d'Ubi France, sont présentes. Parallèlement, six conférences thématiques ont été programmées. Des experts algériens et étrangers ont animé des ateliers sur différents sujets, thèmes et problématiques ayant trait à l'exportation. Les formalités douanières à l'export, le nouveau système de contrôle des importations (ICS), mis en place uniquement par l'Union européenne, la certification biologique, l'export vers l'Afrique et la sécurisation des ventes export dans leurs aspects juridiques et financiers sont quelques-uns des thèmes abordés par les conférenciers. Logistique et lourdeurs administratives… les écueils des exportateurs La tenue de ce salon est une initiative intéressante à plus d'un titre. En plus de constituer un des rares événements permettant de promouvoir le «label algérien» et, par conséquent, le standing du pavillon algérien à l'étranger, «Djazaïr Export» offre aux opérateurs et producteurs algériens l'occasion de parler des contraintes, écueils et faiblesses qu'ils rencontrent, ce qu'ils n'ont pas manqué de faire d'ailleurs. En effet, nos importateurs ont pointé du doigt les lourdeurs administratives et certaines pratiques bureaucratiques qui constituent un véritable frein pour eux. «La volonté politique au plus haut niveau existe, certes, mais la bureaucratie entrave toute initiatives», diront-ils. Les opérateurs économiques activant dans l'exportation estiment qu'en dépit de leurs qualités irréprochables, leur réputation et l'importante demande qu'ils enregistrent sur le marché international, certains produits algériens tels que les dattes, les fruits et légumes, «s'exportent mal». Même si les pouvoirs publics leur confèrent toute l'intention voulue, il n'en demeure pas moins que a commercialisation de quelques produits de qualité n'a jamais atteint les résultats escomptés.«Il y a trop d'aléas chez nous. Ce sont les difficultés de logistique, de domiciliation, de respect des délais qui posent problème», nous confiera M. Boulmerka, patron de la Grande Vinaigrerie constantinoise, une entreprise spécialisée dans la production et la commercialisation du vinaigre concentré et vinaigre de table. «Les coûts élevés du processus d'exportations pénalise le producteur algérien. Pour exporter, on nous fait perdre beaucoup de temps, et on paye en parallèle beaucoup d'argent. Les pouvoirs publics doivent mettre en œuvre une stratégie facilitatrice des exportations», estime-t-il. Même son de cloche chez M. Abdelhadi, directeur général de l'IFI, une entreprise spécialisée dans l'exportation des fruits et légumes, sise à Jijel. Estimant que la qualité de certains tubercules dépasse de très loin ceux de nos deux pays voisins, le responsable d'IFI soutient qu'en dépit du soutien financier de l'Etat à l'export, arrivant parfois jusqu'à 50%, la logistique reste l'une des tâches noires du processus d'exportation en Algérie. «Les Suédois et les Français nous ont clairement dit durant ce salon que la qualité de nos produits n'est plus à présenter. Toutefois, ils ne comprennent pas le long temps mis pour leur acheminement vers l'étranger», ajoute-t-il. Enfin, sur la triste liste des problèmes rencontrés par nos exportateurs hors hydrocarbures figurent les fluctuations des marchés financiers et boursiers mondiaux. En effet, la parité euro-dinar pénalise les exportateurs algériens et leur fait subir parfois des pertes sèches. En plus de ces contraintes qui minent l'exportation algérienne, les producteurs algériens activant dans l'exportation font face à un autre péril : la concurrence déloyale qui menace, dans certains cas, la pérennité de l'entreprise.Par ailleurs, les experts en commerce international estiment que le volume des exportations hors hydrocarbures (EHH) n'a atteint que 1,4 milliard de dollars en 2009, loin de l'objectif des 3 milliards de dollars fixé par les pouvoirs publics. Les mêmes sources soutiennent que ces exportations ont atteint une baisse de plus de 40 %. Pourtant, tous les dispositifs sont mis en place pour booster ce créneau. Devant l'inefficacité avérée de la politique des exportations hors hydrocarbures, les pouvoirs publics ont tout intérêt à apporter les correctifs nécessaires, ajoutent-ils. Il y va de l'avenir de l'économie algérienne.