Créée en 1989, l'association culturelle «Tigejdit n'Ath Zaïm», du village Ath Zaïm, commune de Maâtka, est à ce jour l'une des rares qui activent sur le terrain. Elle fait partie des premières associations culturelles créées juste après l'ouverture démocratique. Depuis, de génération en génération, les jeunes de ce village de la Kabylie profonde se sont regroupés au sein de cette association comme une seule famille. La relève est toujours assurée et de fort belle manière. «Nous avons choisi d'intégrer la famille qui avance», lance l'un de ses membres les plus actifs en paraphrasant la célèbre citation de journaliste et écrivain Tahar Djaout. Etudiants, femmes, émigrés, vieilles, chacun apporte sa modeste contribution. Rares sont les associations qui activent encore. Le tissu associatif s'est complètement démembré au bout de quelques années seulement pour de nombreuses raisons. Lorsqu'on voit la léthargie qui caractérise le mouvement associatif, on ne peut que saluer les responsables de cette association pour le travail qu'ils ont accompli jusque-là. A Aït Zaïm, village situé sur une colline de la commune de Maâtka, dans l'extrême sud de la wilaya de Tizi Ouzou, les activités culturelles font partie des traditions bien ancrées dans les habitudes de ses habitants au nombre de 4000. Des activités pérennes Au fil des années, cette association a acquis une dimension régionale et une notoriété au-delà même de la wilaya de Tizi Ouzou. Ses activités ont toujours un écho dans la presse locale. Musique, poterie, aides humanitaires, fêtes nationales et internationales, conférences de haut niveau, rien n'est laissé au hasard. Au mois de mars dernier, les membres de cette association, en collaboration avec le comité de village, ont célébré la fête de l'olivier, cet arbre ô combien cher aux Kabyles. Une première en Algérie. Ils comptent la rééditer chaque année. Yennayer, jour du nouvel an du calendrier berbère, n'a pas été oublié, tout comme le 20 avril, une date repère pour le mouvement associatif dans les quatre coins de la Kabylie. Mais ce qui fait la particularité des activités de cette association, c'est que ses programmes sont beaucoup plus scientifiques, car s'éloignant des pratiques folkloriques. Rien que pour cette semaine, à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, diverses activités culturelles y ont été organisées. On citera, entres autres, l'organisation d'un cross pour enfants, des activités théâtrales et musicales, des conférences sur la psychologie enfantine animées par des psychologues, une exposition de dessin, un tournoi de jeu d'échecs et de scrabble… Un musée de la poterie Un mariage collectif sera organisé cet été au profit des jeunes de la région, une vingtaine environ. «Le programme d'action est appliqué à la lettre. Des fois, on procède même à d'autres activés qui ne sont pas prévues», nous confie un jeune membre actif de cette association. Lors de notre visite dans ce village, au paysage pittoresque, nous étions émerveillés par l'organisation qui règne au sein de cette association culturelle. Son siège qu'abrite une belle infrastructure est doté d'une salle de conférences et d'un bureau pour les responsables de l'association. «C'est nickel et chrome», s'est exclamé l'un de nos confrères. Le village est doté aussi d'une bibliothèque de plus de 4000 ouvrages. Mais ce qui a provoqué notre étonnement, c'est incontestablement le musée de la poterie, un véritable chef-d'œuvre : des objets antiques qui datent de plusieurs siècles y sont exposés. Les objets sont d'une valeur inestimable comme les jarres et autres objets traditionnels kabyles… Le tout est encadré par un personnel qualifié. Le célèbre chef d'orchestre de la chanson chaâbi, H'cène n'Ath Zaïm, s'est mis de la partie, en assurant des cours de musique pour les jeunes artistes. Tout ce travail de fourmi, mené avec la détermination de jeunes avides de savoir, s'est répercuté positivement sur le comportement et les mœurs de villageois n'Ath Zaïm. D'ailleurs, les fléaux sociaux, tels que la toxicomanie, le banditisme et le suicide, sont à jamais bannis de cette contrée. Ne dit-on pas que la culture est le remède indiqué pour tous les phénomènes sociaux ?