Le projet de révision constitutionnelle divise apparemment les spécialistes en la matière. Si Mme Fatiha Benabbou, constitutionnaliste, avait affirmé mardi que le texte de loi devrait forcément passer par la voie référendaire, le professeur Mohamed Faden a écarté sa soumission à référendum, car «ne touchant pas aux équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions constitutionnelles». Bien qu'il estime que la soumission du projet d'amendement de la Constitution aux deux Chambres du Parlement ou à référendum populaire relève des prérogatives du Conseil constitutionnel, il a affirmé hier à l'APS que le projet d'amendement de la Constitution devrait être proposé aux deux Chambres du Parlement, car «ne touchant pas aux principes fondamentaux du pouvoir ni aux droits, libertés, équilibres et grands axes des pouvoirs et institutions constitutionnelles». Cet ancien membre du Conseil constitutionnel a expliqué qu'«étant donné que ce projet n'a pas porté sur ces principes, il est donc probable que les amendements soient soumis aux deux Chambres du Parlement». Il rappellera toutefois que les amendements doivent être adoptés par 3/4 de leurs membres (Conseil de la nation et Assemblée populaire nationale). Selon l'intervenant, le projet d'amendement de la Constitution se veut un nouveau document du fait qu'il renferme «110 amendements qui ont concerné tous les volets et chapitres répondant aux normes internationales». Il a relevé par ailleurs que c'est la première fois que la question de la séparation des trois pouvoirs est mentionnée dans le document dans le cadre de la coopération et la complémentarité entre ces derniers. L'objectif étant de réduire la légifération par ordonnances et d'accorder de nouvelles prérogatives au Premier ministre dont la promulgation de décrets exécutifs et la présentation annuelle de la déclaration de politique générale du gouvernement au Parlement», a-t-il estimé. S'agissant du rôle du pouvoir législatif, le professeur Faden a indiqué que ces amendements avaient contribué à la réalisation d'un «équilibre entre les deux Chambres du Parlement et à la dynamisation de l'action parlementaire» en octroyant de nouvelles prérogatives au Conseil de la nation. Pour ce qui est de l'opposition, l'intervenant a estimé que cette dernière a pu réaliser des acquis au sein du Parlement, notamment la possibilité de saisir le Conseil constitutionnel sur l'inconstitutionnalité des lois. Selon Faden, ces amendements devraient élever «la Constitution algérienne au rang des constitutions modernes qui garantissent l'alternance au pouvoir à travers des voies pacifiques et transparentes et selon la volonté du peuple. Ils devraient également garantir l'indépendance de la justice à travers la protection du magistrat».