Le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah, n'apprécie pas le contenu de l'avant-projet de révision de la Constitution. Il le qualifie de «grande mascarade» et appelle le pouvoir à l'arrêter. Il dénonce «une orientation laïque de l'Etat», pointe la concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République, regrette que le caractère de la transcription de tamazight soit négligé et estime que les garanties en termes de protection des droits et libertés «restent insuffisantes». Lors d'une conférence de presse animée jeudi à Alger, le chef du parti islamiste a indiqué que «les garanties prévues dans l'avant-projet de révision de la Constitution en termes de protection des droits et libertés sont nombreuses, mais restent insuffisantes». Selon lui, le Texte dévoilé mardi par le directeur de cabinet de la présidence de la république «a omis les devoirs du pouvoir envers les citoyens algériens établis à l'étranger». A propos du retour à la limitation des mandats présidentiels, le conférencier a qualifié ce point de «positif», tout en dénonçant «le fait que le pouvoir soit concentré entre les mains du président de la République». Il a également critiqué «l'ambiguïté qui entoure la nature du régime qui n'est pas clairement mentionnée, sinon à travers la définition des prérogatives des différents pouvoirs». Pour Abdellah Djaballah, la constitutionnalisation d'une haute instance de surveillance des élections revêtait «une grande importance», soutenant que «le contenu de l'amendement reste insuffisant, car il en fait un organe relevant du ministère de l'Intérieur lors de l'organisation des échéances électorales». Concernant l'officialisation de la langue amazighe, il a expliqué que son parti ne s'y oppose pas tout en déplorant le fait que l'alphabet à utiliser ne soit pas mentionné (arabe ou latin). Horrifié par tamazight Le président du FJD a appelé le pouvoir «à répondre positivement aux exigences de l'opposition, à travers le report de l'amendement de la Constitution et l'ouverture d'un dialogue sur l'instance indépendante de surveillance des élections, suivie d'un large dialogue national pour aboutir à une Constitution consensuelle». Cela étant dit, dans un document intitulé «Lecture du projet de révision de la Constitution», le président du FJD a estimé que «le préambule (de l'avant-projet, NDLR) a provoqué une coupure entre l'Etat du 1er Novembre quand il indique qu'elle (la Constitution) garantit la liberté de tout individu dans le cadre d'un Etat démocratique et républicain». Pour lui, cette manière de présenter les choses sert «une orientation laïque de l'Etat» et non l'Etat décrit dans la Déclaration du 1er Novembre «qui parle d'un Etat algérien, démocratique, social, souverain dans le cadre des principes islamiques». Mais peut-on parler d'un Etat laïque quand l'article 2 de la Constitution stipule que l'Islam est la religion de l'Etat et que l'article 178 prémunit contre toute tentation de modification ? Abdellah Djaballah s'interroge également sur les lettres avec lesquelles tamazight sera écrite. «Cette négligence est voulue et servira ceux qui appellent à ce que cette langue soit écrite avec l'alphabet latin. Si cela se produit, ça sera quelque chose de très grave contre la langue arabe», soutient-il, sans dire en quoi la transcription en caractère latin pourrait-elle menacer la langue arabe qui demeure la langue officielle de l'Etat. La transcription de la langue turque en caractère latin a-t-elle porté atteinte à l'arabe ou même à l'Islam ? Dans son réquisitoire contre le projet, le président du FJD qualifie la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du président de la République de «crime». «En réalité, il n'y a qu'un pouvoir, celui du président de la République», soutient-il. Cela étant dit, Djaballah estime que «le nombre importants d'amendements introduits dans ledit avant-projet exige le recours à un référendum, sous la supervision d'une instance indépendante».