Le président du FJD Ce faisant, le président du FJD a clairement précisé le cadre dans lequel il compte inscrire dorénavant son opposition au pouvoir. Rompant avec les critiques politiques habituelles des partis de l'opposition sur la révision constitutionnelle qui est, à l'évidence, entrée dans la dernière ligne droite de son long parcours, le président du Front pour la justice et le développement (FJD) s'est, lui, résolument placé sur le terrain idéologique pour développer les siennes. En assénant, dans la conférence de presse qu'il a animée avant-hier, jeudi, au siège national de son parti, que «la nouvelle Constitution consacre la rupture avec l'Etat (national) tel que défini dans l'Appel du 1er Novembre 1954», Abdallah Djaballah a clairement précisé le cadre dans lequel il compte inscrire dorénavant son opposition au pouvoir. Un cadre résolument idéologique comme l'atteste son rappel de l'objectif essentiel de l'Appel en question «la restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes islamiques». Mais également, la longue énumération de griefs idéologiques qu'il porte au contenu de certaines dispositions de la nouvelle Constitution. Les plus importants parce qu'ils consacrent, comme il l'a explicitement déclaré, «la vision laïque de l'Etat» des tenants du pouvoir actuel, étant la référence «à l'espace méditerranéen comme espace naturel de l'Algérie» et la limitation des référents historiques du pays aux seuls «Mouvement national (et) lutte de libération» qui en a découlé. Pour Djaballah, la première disposition évacue «l'espace religieux, civilisationnel et historique», auquel appartient «l'Algérie depuis l'avènement de l'islam», une disposition, a-t-il poursuivi, qui est révélatrice de la volonté du pouvoir en place «d'amarrer le pays à l'espace occidental». Et la seconde, un oubli non dénué d'arrière-pensées et de «toutes les luttes qui ont précédé celle de Libération nationale», qu'a menées le peuple algérien pour sa liberté, et de «la contribution de l'Algérie au développement des sciences et des connaissances dans le monde, et de son rôle dans la défense de l'islam». Le caractère idéologique des critiques que le président du FJD porte au contenu de la nouvelle Constitution, transparaît nettement quand il reproche à ses rédacteurs et, à travers eux, aux tenants du pouvoir actuel, de «ne pas avoir souligné d'une manière appropriée le rôle de l'islam dans la formation de la nation algérienne et de la personnalité de l'Algérien». Dans la même logique mais sur le registre linguistique, cette fois-ci, Abdallah Djaballah, sans remettre en cause toutefois la décision de sa constitutionnalisation, n'a pas manqué de s'interroger sur les objectifs du «silence» de la nouvelle Constitution sur le caractère avec lequel sera transcrite tamazight après cette étape. Non, sans proposer un début de réponse - où ses desseins d'idéologiser ses critiques apparaissent, là aussi, nettement - quand il déclare que ce «silence» est «observé à dessein». Et ce, a-t-il ajouté plus précis, «dans l'objectif de servir les partisans de l'utilisation du caractère latin dans la transcription de tamazight». Un objectif en lequel il voit «un acte grave contre la langue arabe» et qui ferait, a-t-il poursuivi, «de tamazight un outil au service des intérêts de la seule langue française». Revenant à des critiques plus politiques de la révision de la Constitution proposée, le président du FJD a déclaré que tous les «oublis et les ambiguïtés qui l'émaillent, sont intentionnels». Et d'ajouter en guise d'explication: «Ils participent de la volonté du pouvoir illégitime de défendre ses intérêts» et ce, «en se ménageant les moyens de sa pérennité». Des explications qui, si elles cadrent parfaitement avec le statut d'opposant dont s'est toujours prévalu Abdallah Djaballah, n'en dispensent pas moins, en revanche, tout observateur impartial de la scène politique nationale de s'interroger sur les véritables raisons à l'origine de son brusque retour à l'idéologie pour étayer ses critiques contre les nouvelles dispositions de la Constitution. Et ce, d'autant plus que son parti est membre d'une instance, disons, trans-idéologique, la Cltd, pour ne pas la nommer. D'aucuns voient dans ce revirement, le signe avant-coureur d'une annonce de sortie de cette dernière; une sortie qui s'inscrirait en droite ligne dans la volonté de Djaballah de concrétiser le rêve qu'il n'a jamais cessé de caresser, de fédérer autour de sa personne toute la mouvance islamiste...