Ahmed Ouyahia a beau adresser les messages d'amabilités au SG du FLN, ce dernier ne fait que les ignorer. Mieux, il ira jusqu'à l'humilier en lui signifiant qu'il n'a pas confiance en lui. «Moi non plus je n'ai pas de problème personnel avec Ahmed Ouyahia… mais, politiquement je ne lui fais pas confiance», a-t-il asséné sèchement hier, en marge d'une rencontre avec les jeunes du parti qui s'est tenue au siège de la Mutuelle des travailleurs de la construction à Zéralda. Les tensions entre les deux frères ennemis ne risquent donc pas de s'estomper d'aussitôt et ce, malgré les tentatives d'apaisement que Ahmed Ouyahia ne cesse de multiplier. A Skikda, la semaine dernière, le SG par intérim du RND a déclaré que «je n'ai aucun problème avec Amar Saâdani. Bien au contraire, le FLN est un allié stratégique pour le RND». A l'occasion de son meeting à Skikda, Ouyahia na pas manqué de saluer Saâdani et tous les militants du FLN. Lors de cette sortie de campagne électorale, il ira jusqu'à dire que «les deux partis, le RND et le FLN, œuvrent ensemble à protéger le pays contre toute menace visant à casser la maison Algérie et la cohésion nationale». Il précisera, par ailleurs, que «ceux qui tentent de faire croire qu'il y a des problèmes entre nos deux partis veulent investir dans le vent du printemps arabe. Nous leur répondons que le RND comme le FLN sont mobilisés à défendre les intérêts du pays et à lutter contre tous les dangers qui le menacent». Mais voilà que Saâdani, avec sa déclaration, hier, vient de «griller» l'amabilité à Ahmed Ouyahia. Pourquoi ? Le secrétaire général du FLN, par cette sortie inattendue, entend en fait d'abord lancer un signal d'autorité, un de plus, que lui procure la position de son parti qui détient la majorité. C'est aussi une manière pour lui d'afficher son opposition à une éventuelle nomination du patron du RND au poste de Premier ministre alors que les rumeurs sur un probable remaniement ministériel vont bon train. Amar Saâdani, lui-même, confirmera l'imminence de ce remaniement dès le mois de mars. En position de force, le SG du FLN n'a de cesse estimé que le Premier ministre devrait être issu de la majorité. Pour Saâdani, les choses sont donc claires. L'enjeu, pour le FLN, est de jouer les premiers rôles. D'autant plus qu'il dispose d'une large majorité dans les assemblées élues : APC, APW, APN et Conseil de la nation. Conforté par une telle position, Saâdani dira d'ailleurs que son parti «remportera les élections législatives de 2017». S'exprimant, d'autre part, sur les partis de l'opposition, le SG du FLN, comme de coutume, n'a pas fait dans la dentelle. «Certaines parties, s'autoproclamant de l'opposition et se gratifiant de titre de personnalité nationale, n'ont d'objectif que d'arracher le siège présidentiel. Ces partis et pseudos personnalités nationales ne parlent jamais des vrais problèmes des Algériens», a-t-il déploré, avant d'enfoncer le clou en les accusant d'opposants de salons. «Ils organisent des rencontres dans des hôtels pour discourir sur la présidence et des élections mais jamais vous les entendrez parler des défis sécuritaires dans les zones frontalières et les défis à relever pour parer aux conséquences de la chute des cours des hydrocarbures», a-t-il estimé avant de prévenir notamment contre la menace étrangère qui, selon lui, guette plus que jamais l'Algérie mais aussi tout le Maghreb. «Le Grand Maghreb, notamment l'Algérie, est ciblé par un plan diabolique de déstabilisation tracé par des puissances étrangères, au même titre que la conspiration exécutée au Moyen-Orient», s'est-il alarmé.