Les appels d'Ouyahia à cesser les hostilités ne trouvent pas que des oreilles attentives au FLN. Et c'est le patron du parti majoritaire qui prend sur lui la mission de tirer sur Ouyahia à chaque occasion. Amar Saâdani a profité d'une tribune qui lui a été offerte par une agence allemande de presse pour renouveler ses attaques contre le secrétaire général par intérim du RND, donné pour successeur du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Malgré le démenti apporté par une source autorisée de la présidence de la République, selon laquelle «la démission du gouvernement n'est pas à l'ordre du jour», le patron du FLN ne rate pas son frère ennemi. «Le Premier ministre doit impérativement être de notre parti, car nous sommes le parti majoritaire. De plus, Ahmed Ouyahia a déjà occupé le poste de Premier ministre par le passé et nous avons notre idée sur ce qu'il a fait», a déclaré Saâdani à l'agence allemande. Au FLN, l'éventualité de nommer Ouyahia à la tête du gouvernement est devenue une véritable hantise, surtout que des sources évoquent toujours un remaniement ministériel qui aura lieu après la publication de la nouvelle Constitution au Journal officiel. En effet, la source autorisée qui s'est exprimée à l'APS n'a pas écarté un remaniement gouvernemental en faisant savoir uniquement que «la démission du gouvernement n'est pas à l'ordre du jour», ce que le Premier ministre avait déjà affirmé. Pourquoi s'acharne-t-on donc au FLN contre le directeur de cabinet de la présidence de la République ? au sein du RND, on joue l'apaisement «Nous n'avons pas de problèmes avec le FLN», a assuré Seddik Chihab, porte-parole du parti. Contacté hier par nos soins, M. Chihab a ajouté qu'il ne pouvait pas renchérir sur ce qu'a déclaré le secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, samedi à Skikda. «Le FLN reste un allié stratégique», a lancé Ouyahia, qui a dénoncé ceux qui «veulent faire croire qu'il y a une guerre entre le FLN et le RND», tout en adressant ses «salutations fraternelles et militantes» à Amar Saâdani. Mais si du côté du RND on affirme qu'il n'y a aucun problème, il semble que ce n'est pas le cas chez le FLN, preuve en est le comportement de Saâdani et ses attaques répétées contre le patron du RND. «C'est leur problème, alors», souligne Seddik Chihab. Si aussi, au sein du RND, on prend toutes les précautions pour éviter d'entrer en conflit ouvert avec le FLN, chez le parti majoritaire, Amar Saâdani en tête, on ne se soucie même pas de sauver les apparences. Sadek Bouguetaya, membre du bureau politique de l'ex-parti unique, est allé jusqu'à menacer d'utiliser la majorité parlementaire du parti pour bloquer un éventuel Premier ministre qui ne serait pas issu des rangs du parti. «Mieux vaut rendre effectif le fonctionnement du Parlement avec ses deux Chambres, renforcer les institutions de l'Etat et garantir la stabilité de la société plutôt que de nommer quelqu'un qui trouvera des difficultés au niveau du Parlement», a lancé Sadek Bouguetaya sur un plateau de télévision. Certains observateurs considèrent que cette opposition de la direction nationale du FLN à la nomination d'Ouyahia ou d'un autre homme étranger au parti à la tête du gouvernement est aussi une contestation des prérogatives du président de la République qui est en même temps président du parti. Ce que le président Bouteflika ne permet pas. D'où les affirmations de certains cadres du FLN que les jours de Saâdani à la tête du parti sont comptés.