Le rassemblement du FLN, des partis et des organisations de l'allégeance au pouvoir, organisé hier à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, s'est terminé en queue de poisson, malgré la présence d'une foule nombreuse venue chauffer les tribunes de la salle. Cette dernière s'est vidée à peine 15 minutes après le début du «show» et la fin de l'intervention d'Amar Saâdani, secrétaire général du FLN, suivie de celle d'Amar Ghoul, président de TAJ. Tout le tapage médiatique ayant précédé la tenue du rassemblement de l'initiative dite «pour le progrès dans la cohésion et la stabilité» n'aura servi en fin de compte qu'à mobiliser les foules pour la circonstance, sinon «exprimer le soutien au président de la République Abdelaziz Bouteflika et à l'armée», sans aucune feuille de route pour l'avenir, ni de résolutions à adopter, ou encore de plan d'action à même de structurer ce «front interne». L'absence du Rassemblement national démocratique (RND), de son chef et néanmoins directeur de cabinet de la Présidence, a été ressentie à tel point que l'entrée sur scène du chef du FLN a été ratée. D'un côté, Amar Ghoul, président de TAJ, et de l'autre Tayeb Louh, ministre de la Justice. L'on a fait avec ce qui existe, car il n'y avait pas meilleure image. Les rumeurs sur la présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ou de Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie «réhabilité» récemment, se sont avérées infondées. Même Abdelmadjid Sidi-Saïd, patron de la centrale syndicale UGTA, n'a pas jugé utile d'effectuer le déplacement, se contentant d'une représentation de second plan. Ambiance de fête Les foules «ramenées» de tous les coins de l'Algérie ont profité, trois heures durant, avant le début de la grande «fête», pour chanter et danser sous les rythmes de chants patriotiques. Avant l'apparition de Saâdani, des ministres arrivaient l'un derrière l'autre : Boudjema Talai, Houda Imène Feraoun, Abdelouahab Nouri et Salah Khebri. Larbi Ould Khelifa, président de l'APN, quant à lui, arrivera dans le convoi de son chef de parti. Il est 11h quand ce dernier apparaît à la tribune sous l'annonce en grande pompe d'un animateur appelé à l'occasion. Dans sa brève intervention d'à peine 7 minutes, Saâdani dira que «ce rassemblement ne vise personne, mais est destiné au pays». Avant de rappeler «sa fidélité et loyauté», et celles de tous les participants, au chef de l'Etat, l'orateur estime que Abdelaziz Bouteflika «a pris en main les rênes du pays quand l'Algérie était à feu et à sang, détruite par le terrorisme». Aujourd'hui, a-t-il ajouté, «c'est de l'Etat civil qu'il est question». Interventions expéditives Le chef du FLN, qui semblait être la seule et unique vedette du rassemblement, terminera en appelant l'ensemble des membres de l'initiative «à animer d'autres rassemblements dans les wilayas pour mobiliser autour du programme de Bouteflika et du soutien à l'ANP». Amar Ghoul succède à Saâdani. «Pourquoi sommes-nous ici réunis ?», s'interroge d'emblée le président de TAJ, qui répond en déclarant que «c'est pour l'Algérie et les Algériens». «Le rassemblement se veut un message à l'opinion nationale et internationale, pense-t-il, et qui tend à dire que l'Algérie va bien et elle continuera à aller de l'avant». Rappelant, comme l'a fait son prédécesseur, «le soutien au chef de l'Etat et à l'armée», le ministre du Tourisme a décoché des fléchettes en direction de ceux qui, selon lui, «guettent le pays et cherchent la division». «L'Algérie restera une et indivisible», a-t-il conclu. Prendront la parole ensuite Mohamed Alioui de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), Nouria Hafsi de l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa), Khalfa Mbarek de l'Organisation nationale des enfants de moudjahidine (Onem), Salah Souilah de l'Union générale des commerçants et artisanats algériens (UGCAA), le représentant de Sidi Saïd (UGTA), Naïma Salhi du parti El Adl wa El Bayan, et Belkacem Sahli de l'Alliance nationale républicaine (ANR). Un seul mot d'ordre a dominé leurs très brèves interventions de 2 minutes chacun : «leur loyauté au président Bouteflika». Il fallait faire vite, car la salle était quasiment vide. C'est ainsi que s'est terminé le rassemblement, après à peine 1 heure 30 minutes de son début. Précipitamment, les participants qui étaient déjà dehors pour profiter du déjeuner servi à l'occasion, ont replié drapeaux et banderoles pour rentrer chez eux, sans aucune feuille de route en tête, ni document qui aurait servi à expliquer leur présence à la Coupole. C'est dire qu'en fin de compte, il n'était que question de faire «une démonstration de force» – sur laquelle beaucoup pourrait être dit – et remplir la salle pour les besoins de clichés et images à retransmettre sur les chaînes de télévision. Le reste n'était que folklore… Des consœurs agressées hier au meeting de la Coupole: Indigne ! Le meeting organisé hier par le FLN à la Coupole a constitué un calvaire pour nos consœurs journalistes de plusieurs organes. Des «préposés à la sécurité» les ont violentées au vu et au su de tout le monde sans susciter la moindre indignation de la part des organisateurs trop affairés à «applaudir» ni des services de sécurité pourtant présents en nombre. Ces actes indignes et ignobles sont condamnés par les journalistes présents sur place et du Syndicat national des journalistes (SNJ) dont voici le communiqué intégral : Communiqué Des consœurs journalistes femmes, de divers organes de la presse nationale, ont été victimes d'ignobles actes d'agressions, physique et morale, hier mercredi, perpétrés par des préposés à la sécurité du meeting du Front de libération nationale au niveau de la Coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf à Alger. Nos consœurs, venues accomplir leur travail de journalistes, se retrouvent malgré elles à faire face à une sorte de milice, composée de voyous qui faisaient office d'un «service d'ordre», d'origine non identifié et que ni le parti organisateur ni les services de sécurité présents en masse sur les lieux n'assument. Ces hordes mystérieuses font curieusement leur apparition à chaque fois qu'il s'agit d'une activité importante du FLN, ces derniers temps. Comme c'était le cas à l'occasion du dernier congrès du parti l'été dernier. Le Syndicat national des journalistes s'interroge sur l'identité de ce groupe et, surtout, sur la passivité des services de sécurité officiels, en uniforme ou en civil, déployés en grand nombre dedans et alentour du complexe olympique. Si des journalistes, femmes de surcroît, se font agresser durant cette manifestation politique, à quoi sert alors un tel déploiement policier ? Le Syndicat, qui exprime son entière solidarité avec les consœurs, victimes de ces ignobles actes, interpelle les plus hautes autorités pour prendre les sanctions les plus sévères à l'encontre des agresseurs et de leurs commanditaires et pour que, plus jamais, ce genre d'individus n'ait affaire, d'aucune manière, sous aucun prétexte, à des journalistes dans l'exercice de leur métier. Coulisses Désorganisation et violence Comme à chaque «grand» évènement qu'organise le FLN, le meeting d'hier à la Coupole a connu quelques moments d'échauffourées entre des organisateurs et certains intrus qui ont pu accéder à la salle. L'on est arrivé même à l'usage de la violence pour maîtriser certains cas. Naïma Salhi acclamée Naïma Salhi, la présidente du parti El Adl wa El Bayan, a été acclamée par ses partisans, une centaine environ, pour prendre la parole. Elle qui n'a été programmée qu'en dernier lieu, presque après plusieurs intervenants. Visiblement, elle n'aurait pas digéré son classement dans la prise de parole. Le PDG d'Aïr Algérie présent Mohamed Abdou Bouderbala, président-directeur général de la compagnie aérienne Air Algérie, était présent au rassemblement de soutien au président de la République. Il ne devait, en effet, que marquer sa présence. L'ombre d'Ouyahia Grand absent du rassemblement, le vide qu'a laissé Ahmed Ouyahia, chef intérimaire du RND, n'a pas pu être comblé par la présence de deux organisations qui roulent sous la coupe du parti, en l'occurrence l'Union des femmes algériennes de Nouria Hafsi et celle des enfants de moudjahidine de Khalfa Mbarek. Baïri au nom du FCE Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a, de son côté, marqué sa présence en la personne de Mohamed Baïri, patron du groupe Ival et vice-président de l'organisation patronale. Aucune personnalité nationale connue Aucune personnalité nationale connue n'était présente hier à la Coupole. Même les historiens, écrivains ou autres anciens ministres et chefs de gouvernement que le FLN avait pour habitude d'inviter n'ont pas été de la partie.