Le pédagogue-retraité du secteur de l'Education nationale, Ahmed Tessa, a tenu à rappeler dans cet entretien que le concours est une condition qui garantit la qualité. Le Temps d'Algérie : Des enseignants contractuels ont marché depuis Béjaïa pour réclamer leur intégration. Comment en est-on arrivé à ce stade extrême ? A. Tessa : Il y a lieu de savoir que les recrutements au sein des secteurs comme l'Education nationale, la Santé, la Formation professionnelle etc., sont réglementés et encadrés par la Direction générale de la Fonction publique. Le concours est une condition posée par cette réglementation qui découle des lois du pays. Le ministère de l'Education nationale est dans l'obligation de respecter cette disposition. Tout recrutement réalisé en dehors de cette réglementation est annulé par le visa de la Fonction publique. Il n'y a pas que les enseignants contractuels à qui cette réglementation est imposée. Elle est aussi imposée pour les ouvriers professionnels des établissements scolaires (concierge, chauffeurs, cuisiniers…) ainsi que les postes d'encadrement (directeur, censeur, intendants…). Maintenant, il y a le grave précédent d'une décision populiste prise en 2011 (une intégration sans concours) - à cause du contexte de l'époque («printemps arabe»). Les décideurs pensaient qu'il fallait éviter des débordements et calmer les esprits en ignorant la réglementation. Les temps ont changé, le populisme a trop fait de mal à l'Ecole algérienne. Notre Ecole a besoin de l'application d'une réglementation stricte qui soit au service de la qualité. Elle a besoin de l'application des normes et des standards internationaux pour évoluer vers la qualité. C'est le moins que l'on puisse faire pour nos enfants. Et ils le méritent. Le Premier ministre a instruit Mme Benghebrit à trouver une issue à cette situation. A quoi peut-on s'attendre ? D'après la presse, le ministère de l'Education nationale a obtenu de la Fonction publique le principe de la valorisation des années d'ancienneté comme contractuel. Un point pour chaque année exercée. Un gain qui va jusqu'à six points maximum. C'est une bonne chose qui permettra aux contractuels de partir avec de grands atouts de réussite. Surtout que, selon les déclarations officielles, les épreuves écrites et orales sont liées au métier. Ils sont donc privilégiés par rapport aux autres candidats.
Depuis son arrivée à la tête du département de l'Education, la ministre a engagé des réformes. Comment les qualifiez-vous ? Pour le moment, le ministère travaille sur la base des recommandations faites par les deux Conférences nationales d'évaluation de la réforme (juillet 2014 et 2015). La priorité est donnée aux aspects pédagogiques (programmes, méthodes d'enseignement, système d'évaluation, manuels…). L'accent est mis sur la gestion pédagogique et matérielle des écoles primaires qui ont été délaissées depuis des décennies. Des mesures bénéfiques pour les élèves sont prises de façon progressive. Les objectifs de la Réforme de 2003 sont toujours d'actualité, malheureusement, la mise en œuvre de celle-ci (la réforme) a connu des ratés. Ce sont ces nombreux dysfonctionnements qui ont été relevés par les experts algériens et les représentants des partenaires sociaux lors des deux conférences nationales d'évaluation. Des solutions y ont été prescrites. Attendons de voir le train des mesures prises par le ministère et jugeons sur pièce. Le secteur est sensible, il a besoin de stabilité pour que nos enfants et nos enseignants puissent travailler à l'aise, dans la sérénité. Les parents constatent avec bonheur que cette stabilité est enfin acquise depuis deux ans grâce au sens des responsabilités des partenaires sociaux (syndicats et parents) associés dans une dynamique de dialogue et de concertation initiée par la ministre depuis son arrivée.