Depuis jeudi soir, un renfort de police encerclait les enseignants contractuels en grève de la faim à Boudouaou dans la wilaya de Boumerdès. Cette mesure fait suite aux déclarations tenues dans la matinée par Noureddine Bedoui. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a affirmé que dans le cadre de la préservation de l'ordre public des mesures seront prises en cas de persistance du mouvement de protestation. Appelant les enseignants protestataires à rejoindre leur poste de travail, M. Bedoui, interrogé en marge d'une séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, a estimé que «le gouvernement leur avait accordé suffisamment de temps pour parvenir à des résultats positifs par la voie du dialogue». «Dès le début, le gouvernement a été très réceptif et fait montre d'une intention sincère à l'égard des protestataires», a rappelé le ministre, avertissant qu'«il n'est pas possible d'attenter à l'ordre public. «Si cette situation persiste, des mesures seront prises», a-t-il encore mis en garde. Pourtant, force est de constater que «l'intention» dont parle Noureddine Bedoui n'est pas perçue de la même façon chez les contractuels qui, eux, dénoncent «la fuite en avant» du gouvernement, en général, et de la ministre de l'Education nationale, en particulier. Pendant que ces derniers parlent de valorisation de l'expérience professionnelle lors du concours de recrutement prévu fin avril, les protestataires ne jurent que par l'intégration. Un dialogue de sourds s'est installé entre les deux parties, poussant le conflit au pourrissement, d'autant plus que les forces de l'ordre semblent prêtes à intervenir pour déloger les enseignants qui ont fait plusieurs centaines de kilomètres de Béjaïa vers Alger, avant d'être stoppés à Boumerdès. D'ailleurs, de sources fiables, nous apprenons que les policiers mobilisés à Boudouaou interdisent aux enseignants contractuels tout contact avec les citoyens. L'«embargo» va jusqu'à priver les protestataires d'aide en nourriture, selon certains témoins. La décision du ministère de l'Intérieur qui se limitait, jusque-là, à l'encerclement peut aller vers un délogement total par la force. Bien qu'il ne l'ait pas dit, Noureddine Bedoui semble attaché à préserver «l'ordre public», quitte à employer la force. Face à ces «menaces de trop», pour reprendre les commentaires de certains enseignants, ces derniers semblent plus que déterminés à poursuivre leur combat. Parmi eux, il y a même ceux qui brandissent la menace du suicide en s'immolant par le feu. Une situation, le moins que l'on puisse dire qui exprime le pourrissement qu'a atteint ce bras de fer où aucune solution ne semble se profiler dans un proche horizon. Surtout que le discours du gouvernement va plutôt dans le sens de la provocation que de l'apaisement. Après Nouria Benghebrit, c'est Noureddine Bedoui qui reproche aux contractuels de «n'avoir affiché aucune volonté ni intention d'aller au dialogue».