Les plus hautes autorités du pays viennent enfin de réagir en ce qui concerne les près de 42% de ralentisseurs et autres dos-d'âne installés d'une manière anarchique à travers le réseau routier national. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et celui des Travaux publics viennent d'envoyer une circulaire interministérielle aux autorités locales (walis, chefs de daïra, P/APC, DTP) leur ordonnant de «prendre les mesures nécessaires pour éliminer les ralentisseurs posés anarchiquement et conçus sans normes». Selon l'APS qui publie cette information, les deux ministres ont relevé un «recours anarchique, voire excessif» aux ralentisseurs (dos-d'âne) comme moyen de réduction de la vitesse et des accidents ainsi que des «anomalies et insuffisances» dans leur conception et leur implantation. Cette situation a occasionné, selon eux, de graves conséquences sur la sécurité et le confort des usagers de la route, allant jusqu'à causer parfois de «graves dommages aux véhicules». «Il s'agit notamment de l'implantation de ralentisseurs sans études ni autorisation préalable, de l'utilisation de dimensions et de matériaux non conformes aux prescriptions techniques, du manque d'information et de concertation entre les services des communes et ceux des subdivisions des travaux publics, ainsi que du défaut de signalisation de la plupart des ralentisseurs», constatent-ils. Pourtant, des spécialistes de la sécurité routière, à l'instar de Mohamed Lazouni, n'ont cessé d'interpeller les pouvoirs publics à travers les médias sur cette prolifération de dos-d'âne. «La loi prévoit des dos-d'âne et ralentisseurs uniquement à l'intérieur des cités d'habitation, pas en ville. On trouve des ralentisseurs sur les autoroutes, sous des passerelles. Il y a bien un décret exécutif des Travaux publics qui définit les normes et lieux. Il n'est pas respecté. Un an après est venu un décret interministériel qui réglemente la pose des ralentisseurs. Et la loi punit d'une forte amende et de prison les contrevenants. La loi ne vaut que par son application», avait indiqué Mohamed Lazouni dans un entretien. Mais ce qui pousse les habitants d'un douar à installer un dos-d'âne c'est l'insécurité des habitants et des enfants plus particulièrement. «Parfois ce sont les habitants eux-mêmes qui procèdent à leur installation afin de dissuader les chauffards. Parfois, ce sont les autorités locales sous la pression de la rue suite à un accident de la route. Elles installent des ralentisseurs sans aucune connaissance des normes, des règles et des techniques. C'est absurde, mais c'est la triste réalité», reconnaît un spécialiste du domaine. Quoi qu'il en soit, l'Etat est déterminé à prendre le taureau par les cornes dès lors qu'il vient d'exhorter les autorités locales à appliquer fermement les pénalités prévues par la réglementation à tout contrevenant qui réalise des ralentisseurs sans autorisation. Les contrevenants auront à payer de fortes amendes et pourront faire l'objet de poursuites judiciaires. Pour les deux ministères, l'autorisation d'implantation des ralentisseurs reste soumise à l'examen et à l'accord de la commission technique de wilaya. Pour les techniques d'aménagement qui peuvent se substituer aux ralentisseurs, les services techniques peuvent, selon la circulaire interministérielle, recourir à des techniques moins lourdes et plus esthétiques tels les clous et les plots de chaussées, les bandes rugueuses ainsi que les mini-giratoires et les chicanes (passages en zigzag). Sauf que pour les clous ou les champignons métalliques, ces derniers causent de véritables dégâts de l'avis des spécialistes. «Si tu passes dessus une fois, ton véhicule ne risque pas grand-chose. Mais les passages répétés provoquent des dégâts incommensurables. C'est toute la suspension de la voiture qui accuse le coup. Les parties les plus touchées sont surtout les roulements, les cardans et les amortisseurs.» Pour quelles raisons veut-on imposer ces clous alors que d'autres techniques existent en Europe et ailleurs ?