Mohammed Tahar Chalal, DG de l'Anem, s'exprime dans cet entretien sur plusieurs questions liées notamment au marché de l'emploi et la situation économique actuelle. Le Temps d'Algérie : Comment se présente le marché du travail aujourd'hui ? Mohammed Tahar Chalal : En avril 2016, nous avons enregistré 1,4 million d'emplois créés dont 182 000 emplois dans le secteur économique. Les jeunes, notamment ceux ayant moins de 35 ans n'ont pas de formation dans la majorité des cas. Selon les chiffres publiés par l'Office national des statistiques (ONS), il y a environ 55% des jeunes dépourvus de formation. Il existe, en parallèle, un nombre important d'opérateurs qui cherchent de la main-d'œuvre qualifiée. Beaucoup d'employeurs éprouvent des difficultés pour trouver des jeunes qualifiés. Donc, nous invitons les jeunes à suivre des formations en vue de décrocher un emploi, surtout dans certains métiers très demandeurs comme la plomberie, l'électricité et le bâtiment. Il existe donc un réel manque de personnel qualifié dans ces métiers ? Oui. Nous avons constaté que plusieurs métiers sont demandeurs et déficitaires au niveau de l'Anem. Nous avons beaucoup de difficultés de trouver des diplômés qui ont des qualifications pour pouvoir répondre à des offres disponibles. Nous voulons à l'horizon 2017-2018 améliorer le fichier de notre organisation et cela à travers l'orientation des demandeurs d'emplois qui sont dépourvus de formation vers le secteur de la formation professionnelle. Il faut dire qu'il existe un véritable paradoxe. D'un côté, on voit des centres de formation professionnelle ayant des capacités d'accueil importantes, mais il y a des spécialités où des jeunes ne s'inscrivent pas. Le paradoxe est dans le fait aussi que d'une part nous sommes face à des milliers de jeunes demandeurs d'emplois sans qualification et d'autre part des employeurs qui ne trouvent pas de main-d'œuvre qualifiée. Nous demandons aux jeunes de se rapprocher des différents centres de formation pour suivre une formation et procéder par la suite à la recherche d'un emploi. Il y a lieu de changer aussi de regard vers le travail. Nous avons constaté que même des universitaires n'ayant pas trouvé d'emploi dans leur domaine font des formations dans l'espoir de décrocher un poste de travail. Cet exemple vivant devait encourager les jeunes sans diplôme à s'inscrire dans les spécialités très demandées dans le monde économique. Les offres, surtout dans les secteurs du bâtiment et de l'agriculture, ne manquent pas et ce à l'échelle nationale. Quel est l'impact de la crise pétrolière sur le marché de l'emploi ? Au niveau de l'Anem, nous avons des données qui confirment que la crise pétrolière n'a pas eu de répercussions sur le monde de l'emploi. Contrairement à ce que pensaient certains observateurs, il y a eu plutôt une hausse importante cette année de l'offre au niveau du secteur économique qui est de 24% par rapport à l'année précédente. Cette hausse peut s'expliquer par les fruits de la politique de substitution à l'importation encouragée par les pouvoirs publics. Beaucoup de produits qui étaient importés sont aujourd'hui fabriqués localement avec un taux d'intégration raisonnable. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a annoncé que le taux d'échec des projets Ansej et Cnac est de 11%. Selon vous, ce taux n'est-il pas inquiétant ? Le marché de l'emploi comme tous les autres marchés est lié à la règle de l'offre et de la demande. Depuis presque cinq ans, il y a eu une progression remarquable du nombre d'entreprises créées et cela est dû en partie à la croissance économique et au soutien apporté par l'Etat. Globalement, il y a eu une évolution positive. L'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) et la Caisse nationale d'assurance-chômage (Cnac) sont portées sur la qualité et sur le financement des activités d'investissement qui répondent aux besoins du marché local. Les micro-entreprises sont un outil de l'économie et un des outils de lutte contre le chômage. Le taux d'échec annoncé par le ministre à 11% n'est pas inquiétant. En Algérie, il existe encore des possibilités pour la création des micros-entreprises. L'objectif du salon de l'emploi est celui de donner plus de visibilité au dispositif public pour la création de l'emploi. Le meilleur message est envoyé par les jeunes promoteurs qui ont réussi et viennent démonter leur activité. Ceci pour dire aussi que les jeunes devraient se rapprocher du Salon afin que l'Etat les accompagne dans la création de leur propre entreprise. Elles sont plus de 2400 micro-entreprises et 60 institutions qui ont pris part au rendez-vous, et ce, au niveau national. Quel message lancez-vous aux jeunes encore hésitants à se lancer dans les affaires ? Je demande à tous les jeunes souhaitant créer leur entreprise ou à la recherche d'un emploi de se rapprocher des différents salons d'emploi organisés au niveau national pour prendre connaissance des outils d'aide et de soutien. j'invite cette frange de la société d'aller vers les centres de formation professionnelle pour renforcer leur employabilité afin d'avoir beaucoup de chance pour obtenir un poste. Avoir un métier, c'est très important pour aspirer à une vie professionnelle.