Mansouri L. a eu affaire à Yahiaoui Billel qui avait malmené le vieux dans un moment de... jeûne. A la barre, Mansouri ne veut pas pardonner car, lancera-t-il à la juge, il ne s'est jamais inquiété de son état. Et tout cela entre deux conducteurs qui ont perdu leur sang-froid... Billel Yahiaoui a-t-il oui ou non causé un préjudice physique, le certificat médical de quatre jour l'attestant, en poursuivant la victime Mansouri ? Des faits vieux de sept mois puisque s'étant déroulés au mois de Ramadhan dernier avaient vu un accrochage entre deux conducteurs. Et puis vingt-huit semaines après, les voilà face à une juge qui a l'âge de leurs derniers nés car les deux sexagénaires ont tout mis sur le dos du jeûne. Avec une diplomatie toute personnelle, Ouhida, la présidente de la section pénale, avait tenté de mettre un terme à leur différend. Yahiaoui dit oui de la tête mais cela ne suffit pas. Il faut que la victime, l'unique lésée dans ce dossier, donne son avis favorable pour que tout cesse comme dérangement, attente sur les bancs de la salle d'audience, et probablement la constitution d'avocats et les frais que cela engrange. La magistrate affiche son plus beau sourire et s'adresse à Mansouri, la victime qui va fixer longuement la juge, le procureur et puis silence. Il baisse la tête, comme pour vouloir dire quelque chose. «Alors, Mansouri, on se désiste ou pas ?» demande pour la dernière fois la magistrate nullement perturbée par tous ces temps morts. Même Ghazali, le représentant du ministère public, ne veut pas se mêler de cette affaire ; et pourtant, l'action publique n'est pas près de s'éteindre. a moins que... Et puis miracle à l'envers. L'inattendu surgit, le tribunal a enfin une réponse. Mansouri L. ne veut pas se désister au profit de l'inculpé Yahiaoui, coupable de coups et blessures volontaires car, dit-il à Sofia Ouhida, la juge du mercredi de Blida, «il ne s'est pas inquiété de mon sort, ni ne s'est enquis de mon état de santé. Il m'a donné un coup de pied qui m'a fait enjamber le trottoir de douleur. Et comme je sortais d'une sensible opération chirurgicale, il s'est comporté à mon encontre en haggar !» a raconté Mansouri qui a été scandalisé à plus de soixante ans, d'entendre son agresseur Yahiaoui nier le méfait. Ghazali Abderahmane le procureur est mécontent : «Inculpé ! c'était le jeûne. Le diable vous avait poussé et vous lui aviez donné un coup de pied. C'est tout. Vous ne l'avez pas assassiné !» souligne le représentant du ministère public. Ce dont profite la victime pour évoquer le croc- en-jambe avant le coup de pied. «En ouvrant la portière du véhicule, l'inculpé allait me massacrer. J'ai pris la fuite mais malgré cela, il a couru derrière moi, m'a fait un croc-en-jambe dangereux avant de me balancer son «45», a narré Mansouri. Les deux avocats feront beaucoup de bruit à juste raison : pour celui de l'inculpé, il y a en avant l'agression, une provocation allant dans le sens d'insultes et d'injures insupportables. Pour la partie civile, au moment où la victime avait fui, il n'y avait plus de raison de le poursuivre pour le châtier. «Ce n'est pas vrai, mon client n'a pas glissé et chuté tout seul. Il a été agressé», a dit l'avocat qui n'aura pas le plaisir de prendre acte du verdict mis en délibération par une présidente vigilante et prudente.