Quarante-huit heures après la fête de l'Aïd El Fitr, le 6 juillet, quelque 30 000 estivants algériens ont traversé la frontière algéro-tunisienne. Selon Adlène Essabti, responsable de Safari Voyages, agence de tourisme spécialisée en organisation de séjours en Tunisie, sise au centre-ville de Sétif, «ce chiffre pourra atteindre le million et demi cette saison car la destination Tunisie est prisée, sans conteste pour la majorité des Algériens». Les plages et complexes touristiques du pays voisin connaissent une grande affluence durant la période estivale, où des séjours en bord de mer sont proposés à des prix très raisonnables. Par contre, pour ceux qui optent pour le choix de rester en Algérie, ils sont confrontés à plusieurs aléas. Pour passer ses vacances, la plupart des Algériens préfèrent sortir du pays. La principale cause est celle du manque de services, parfois le strict minimum n'est pas offert. Ajoutons à cela la quête de lieux paisibles où l'on peut profiter réellement de son congé loin des problèmes de la ville et des tracasseries parfois spécifiques à l'Algérie. La proximité des frontières terrestres entre les deux pays ont favorisé cette tendance qui risque de s'inscrire dans la durée tant que les carences ne sont pas prises en charge pour la relance de la destination nationale. En voyageant par route, la frontière tunisienne se trouve donc à peine à quelques kilomètres. Elles sont nombreuses les agences de voyages qui proposent d'ailleurs de se rendre chez le pays voisin par bus pour des courts séjours. «Chaque semaine, on effectue des départs d'Alger, de Sétif et de Constantine vers la Tunisie. Les destinations sont les villes de Djerba, de Hammamet, Sousse et Mahdia», a précisé le responsable de l'agence Safari. Quant aux prix, ils sont, selon lui, «très abordables». Pour appuyer son propos, il dira qu'un séjour de dix jours est proposé à partir de 47 000 DA par personne, hébergée dans des hôtels 3 à 4 étoiles et repas inclus, sans oublier des balades et des excursions avec une assistance faite par des guides et accompagnateurs sur place. Offre nationale : rien à signaler Concernant l'offre nationale, notre interlocuteur est catégorique : «On ne peut rien proposer à nos clients.» Selon Adlene Essabti, le tourisme local est encore loin de répondre aux attentes nationales et des touristes étrangers, que ce soit en qualité des prestations où sur le plan des prix qui restent trop chers. Les mauvaises conditions d'accueil, de restauration et de prise en charge dans les hôtels et autres établissements touristiques sont une réalité à déplorer, malgré toute la bonne volonté des uns et des autres. En donnant l'exemple de Béjaïa, Jijel et Oran, où l'on compte des potentialités naturelles, mais point d'infrastructures adéquates. Et l'offre chez les particuliers découragent même ceux qui y croient à la «préférence nationale». La location d'un simple appartement revient à 12 000 DA la nuitée, sans l'existence de la moindre condition de vie, surtout l'eau potable dans les robinets. Le même avis est partagé par Kireche Lidia, responsable commerciale dans l'agence de tourisme, Rotana, située à Alger-Centre, appartenant au groupe Asahari Voyages domicilié à Biskra, qui a soutenu qu'«une forte demande a été enregistrée cette année sur la destination tunisienne, en raison des tarifs promotionnels proposés». A titre d'exemple, elle cite ceux des hôtels de Hammamet qui offrent un séjour de 10 jours à 45 000 DA par personne. Le transport est assuré par bus à partir de la ville d'Alger vers cette région tunisienne, à raison d'un départ par semaine. La commerciale de Rotana a ajouté que plusieurs conventions ont été signées avec des hôtels partenaires qui proposent des complexes à Nabel, Sousse, Sidi Bounab, nouvelle ville Hammamet Nord et Sud. Concernant le choix national pour les vacanciers algériens, la responsable de la même agence a signalé qu'ils préfèrent le Sud durant l'hiver, notamment vers Tamanrasset, Béchar et Timimoun. La période du réveillon est la plus demandée. Mais, il demeure que le manque d'infrastructures d'hébergement freine l'activité touristique dans ces régions, précise-t-elle.