Il ne se passe pas une semaine sans qu'un rapport d'une institution internationale ne vienne dresser un tableau noir de la situation économique de l'Algérie. Se succédant à la tribune, la Banque mondiale (BM) prévoit que l'Algérie sera appelée à vivre le vrai choc financier et économique en 2018, avec des réserves de changes qui se situeront à 60 milliards de dollars. Ce pronostic intervient moins d'un mois des assurances clamées par le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui a estimé, lors d'une visite effectuée le 14 juillet dernier à Oum El Bouaghi, que quoiqu'il arrive, les réserves de changes de l'Algérie ne dégringoleront pas sous le seuil des 100 milliards. Dans ce rapport de fin juillet 2016, la BM note que le déficit budgétaire s'est creusé de 1,4 % du PIB en 2013 à 15,7 % du PIB en 2016 et que l'Algérie est massivement dépendante des hydrocarbures pour ses exportations et ses recettes publiques, à hauteur de 95% et de 75% respectivement, que sur une production totale d'environ 1,1 million de barils/jour, elle exporte 540 000 barils/jour, la production de pétrole brut et de gaz naturel ayant régulièrement diminué ces dernières années, en raison principalement de retards répétés des projets, de difficultés pour attirer des partenaires d'investissement, de l'insuffisance des infrastructures et de problèmes techniques. En reconnaissant à demi-mot des insuffisances au niveau de la gestion pour traverser cette dure période, les autorités algériennes vont tenir, à la fin du mois en cours, une discussion sur les perspectives de l'économie dans le sillage de la faiblesse des cours du pétrole, a fait savoir jeudi la Banque mondiale, une information reprise par l'agence APS. Ingérence Sur la question de la production pétrolière et gazière, Sellal, se montrant encore une fois optimiste et rassurant, prévoit que la fiscalité pétrolière passe à 30 milliards USD à fin 2016, contre 35 milliards en 2017 et 45 milliards USD en 2018. Des données qui font dire au chef de l'exécutif que «l'Etat n'imposera pas d'austérité à la population, mais fera dans la rationalisation des dépenses, notamment en termes de budgets d'équipement et de fonctionnement». Se joignant à ce ballet de chiffres opposés, le Fonds monétaire international (FMI) émet des commentaires et des recommandations mi-figue, mi-raisin lorsqu'il s'agit de la situation économique en Algérie. Dans une interview publiée par le blog de l'institution de Bretton Woods, le chef de mission du FMI en Algérie, Jean-François Dauphin, a mis en avant cinq grandes recommandations à l'Algérie pour «doper les perspectives de croissance». Au même moment, il estime que le pays a réussi à absorber le choc pétrolier grâce à des mesures de sécurité mises en place, sous forme d'épargne budgétaire, de réserves de changes et un faible niveau d'endettement. D'après lui, l'Algérie avait une occasion exceptionnelle pour passer à une croissance durable et réduire sa dépendance des hydrocarbures. Toujours au sujet des hydrocarbures, desquels toute l'économie algérienne dépend, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a abaissé avant-hier sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2017. Selon l'Agence, la consommation de pétrole continuera à croître dans le monde l'an prochain, mais à un rythme un peu moins soutenu qu'anticipé précédemment. «Bien que supérieure à la tendance, la prévision pour 2017 est inférieure de 0,1 mbj par rapport à nos anticipations précédentes en raison de perspectives macroéconomiques plus faibles», a-t-elle expliqué. Si, sur le plan économique, la situation n'inspire pas confiance, selon ces organisations basées à Washington ou à Paris, celle ayant trait aux volets des droits de l'homme et aux libertés collectives et/ou individuelle ne seraient pas mieux pourvues. Des rapports du Département d'Etat américain ont souvent épinglé l'Algérie sur la liberté d'expression, celle de se rassembler ou encore le libre choix d'exercer un culte autre que musulman. Des rapports souvent accueillis avec méfiance et perçus à Alger comme de l'ingérence dans les affaires internes du pays et des fenêtres qui pourraient servir de prétexte pour imposer «des réformes» qui auraient des retombées positives sur les... commanditaires.