Contrairement au discours officiel, l'Algérie subit de plein fouet les conséquences de la chute drastique des prix du pétrole sur le marché international. La résilience de notre pays face au choc pétrolier, tant vantée par les dirigeants, commence à fléchir au fil des mois. En termes plus clairs, le pays ne peut, dans cette situation peu favorable, tenir le coup au-delà de deux ans. À coups d'arguments statistiques solides, le Fonds monétaire international (FMI) dresse un bilan peu rassurant pour l'avenir économique du pays. Les indicateurs commencent à changer de couleur et se dirigent inexorablement vers le rouge. L'Algérie aura besoin, en 2016, d'un prix de pétrole de 87,6 dollars/baril pour atteindre son équilibre budgétaire, indique le FMI qui vient de publier son rapport périodique sur les perspectives de croissance dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord-Afghanistan-Pakistan. Or, s'établissant actuellement autour de 40 dollars le baril, les cours du pétrole ne devraient remonter que légèrement d'ici à la fin de la décennie. Ils avoisineront les 50 dollars le baril en 2020. Cette "nouvelle réalité du marché pétrolier" devrait être intégrée, précise l'instance monétaire, par les pays exportateurs d'hydrocarbures pour leurs projections à moyen terme. Avec une dégringolade évaluée à 70% depuis 2014, les cours de l'or noir ont fait réduire le budget de l'Etat, révèlent encore les données de l'institution financière. Le déficit budgétaire de l'Algérie s'élèvera à 15% du PIB en 2016 et se réduira à 11,8% en 2017. Le produit intérieur brut nominal (PIB) devrait s'établir à 166 milliards de dollars (mds usd) en 2016 contre 172,3 mds usd en 2015, selon les prévisions du FMI. Il devrait rebondir à 173,9 mds usd en 2017. Les réserves de change algériennes devraient reculer sous l'effet de la baisse des prix du Brent à 113,3 mds usd en 2016 (contre 142,6 mds usd en 2015) et n'assureront la couverture que de 22,2 mois d'importations. Pis, le matelas en devises de l'Algérie poursuivra sa contraction à 92,3 mds usd en 2017, estime le FMI. Les importations vont connaître une baisse en 2016 en se chiffrant à 57,5 mds usd contre 63,7 mds usd en 2015, avant de reprendre une tendance haussière en 2017 à 61,3 mds usd, explique le document du Fonds. En 2016, les exportations devraient enregistrer une baisse à 27,7 mds usd contre 38,4 mds usd en 2015, mais devraient progresser en 2017 à 32,3 mds usd. Le déficit de la balance des comptes courants atteindra -28,3 mds usd en 2016 contre -27 mds usd en 2015. Ce déficit se chiffrera à -28,2 mds usd l'année prochaine. L'inflation restera stable à 4,3% en 2016 contre 4,8% en 2015 avant de baisser davantage à 4% en 2017. Sur la période 2016-2021, les besoins de financement devraient dépasser les réserves liquides dont notre pays dispose présentement. Le taux de croissance, qui est passé de 3% sur la période 2011-2014 à 3,75% en 2015, devrait se maintenir aux alentours de ce niveau en 2016 et en 2017, selon le FMI. En dépit des mesures prises telles que, entre autres, la réduction des dépenses (budgétaires), les soldes budgétaires, estime le FMI, se détérioreront sous l'effet de l'effondrement accentué des cours du pétrole. Devant pareilles conditions, l'instance que dirige Christine Lagarde recommande de "nouvelles mesures d'économie à moyen terme pour rétablir la viabilité budgétaire, reconstituer les réserves et épargner suffisamment pour les générations futures". B. K.