Le bilan dressé hier par les douanes sur le commerce extérieur confirme le coup ressenti par l'Algérie après la chute des prix du pétrole. Le déficit commercial avoisine les 14 milliards de dollars, un niveau intolérable qui interpelle tous les intervenants et exige de nouvelles décisions pour le réduire davantage et sauver l'Algérie d'un défaut de paiement. En effet, les statistiques des douanes algériennes rendues publiques hier, sont catastrophiques et inquiétantes à la fois. Le déficit a atteint 13,997 milliards de dollars (mds usd) sur les 8 premiers mois de 2016, contre 11,06 mds usd à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 26,5%. Les exportations ont fortement reculé. Elles ne sont que de l'ordre de 17,56 mds usd durant cette période. Tandis que les importations, elles, deviennent insupportables dès lors que le pays n'a plus les moyens de payer ses achats. De janvier à août 2016, l'Algérie a déboursé 31,56 mds usd. C'est un chiffre astronomique et inconcevable, car les recettes des exportations ne risquent pas de remonter. Par rapport à la même période 2015, la facture a baissé de 4,22 mds usd (35,78 mds usd). Grâce aux réserves financières constituées durant les années passées, s'élevant à plus de 120 milliards de dollars, aujourd'hui, l'Algérie parvient à amortir le choc. Mais, cette politique risque d'être dépassée et inefficace si la remontée des cours de l'or noir n'intervient pas dans les deux prochaines années. Des réformes urgentes s'imposent afin de réduire les importations, sachant que des produits inutiles sont achetés à l'étranger et coûtent des sommes importantes en devises. Le gaspillage est aussi un autre phénomène en Algérie existant à tous les niveaux. En l'absence d'une politique de récupération et de recyclage, des déchets industriels, électroniques et électroménagers sont jetés dans les poubelles. Ceci sans oublier les quantités de produits alimentaires, de pain, de sucre, de café et de l'huile jetés quotidiennement du fait de leurs prix subventionnés. Les entreprises publiques, notamment la SNTF, Sonelgaz, Algérie Télécom et autres entités publiques ne préservent pas leurs équipements, payés en totalité par l'Etat. Et souvent, ces sociétés importent en de fortes devises leurs matériels. L'autre facteur pesant lourdement sur la balance commerciale, les frais de transport et maritime. L'économie algérienne se trouve ainsi déconnectée de l'économie universelle fonctionnant uniquement 4 jours au lieu de six (notre week-end est incompatible avec celui des pays fournisseurs). Ceci engendre des frais supplémentaires faramineux, jusque-là non encore estimés, à la charge du Trésor public et répercutés sur les prix des produits importés et commercialisés en Algérie. L'assainissement du commerce extérieur devrait être entrepris de manière immédiate afin de mettre fin à ces dysfonctionnements préjudiciables pour l'économie et les réserves en devises. Chine et Italie, premiers partenaires Il faut mentionner également que les recettes d'exportation ne peuvent plus assurer la couverture des importations. Les moyens de paiement permettent de payer seulement 56% de nos importations. Quant aux exportations hors hydrocarbures, qui ont constitué le cheval de bataille des autorités publiques depuis la chute des prix du pétrole, elles demeurent toujours marginales. Elles ne représentent que 6,3% du volume global des exportations avec une valeur de 1,1 milliard usd. Elles sont composées de demi-produits avec 836 millions usd, des biens alimentaires avec 172 millions usd, des produits bruts avec 52 millions usd, des biens d'équipements industriels avec 30 millions usd et des biens de consommation non alimentaires avec 11 millions usd. C'est un piètre bilan qui renseigne à plus d'un titre sur l'inefficacité et la non-compétitivité de l'appareil de la production locale. Les valeurs de travail et de création de richesse ont presque disparu en Algérie.