Des dizaines de travailleurs communaux, affiliés au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), ont marché, hier, dans les artères de la ville de Tizi Ouzou. Il s'agissait d'exprimer leur mécontentement devant les décisions prises par le gouvernement, notamment celle liée à la suppression de la retraite anticipée sans condition d'âge et le contenu de la loi de finances 2017 qu'ils qualifient de «coup de grâce pour généraliser le travail précaire en Algérie». En guise de solidarité avec les travailleurs communaux des municipalités, les coordinateurs de wilaya et les représentants des fédérations nationales du Snapap des wilayas de Béjaïa, Bouira, Batna, Chlef, Oran, Bordj Bou Arréridj, Laghouat et Tipasa ont décidé de prendre part à cette marche pacifique et de battre le pavé pour défendre les droits de la couche ouvrière qui est actuellement «en danger». La marche s'est ébranlée à 11h45 de la placette de l'ancienne gare routière du centre-ville, en empruntant le boulevard Abane-Ramdane (la grande rue) pour rejoindre le siège de la wilaya. A préciser que cette action a engendré des embouteillages monstres, mais en contrepartie, elle s'est déroulée dans de bonnes conditions puisqu'aucun incident n'est à déplorer, a-t-on constaté sur les lieux. Les protestataires étaient fermes dans leurs revendications. Ils demandent le maintien du régime de la retraite proportionnelle sans condition d'âge, l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90/11 et la révision du code du travail. «Les décisions prises par le gouvernement, notamment la suppression de la retraite anticipée, sont un réel danger pour le pays, puisqu'elles arrangent seulement les intérêts du pouvoir, alors que c'est une saignée pour les travailleurs.» «Cette suppression est une atteinte aux acquis arrachés par la couche ouvrière», a dénoncé le coordinateur de wilaya du Snapap, Hakim Kendriche, rencontré sur place. Le même interlocuteur a estimé que l'abrogation de l'article 87 bis, décidée lors de la tripartite, n'est que de «la poudre aux yeux». «Nous exigeons l'abrogation effective de cet article. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», a-t-il déploré. Un salaire mensuel de 15 000 DA/mois ! De son côté, la secrétaire générale du Snapap, Nacéra Ghozlane, a affirmé que le recours à la mobilisation des syndicalistes est la seule solution pour pousser le gouvernement à revoir sa feuille de route. D'ailleurs, les protestataires criaient haut et fort, tout au long du chemin qu'ils ont parcouru : «Y en a marre de la hogra des travailleurs» ou bien «Nous voulons le maintien de la retraite anticipée». Notre interlocutrice a indiqué qu'après plusieurs mouvements de protestation et de grève cyclique de 3 jours par mois organisée par les communaux depuis le mois d'avril, le ministère de tutelle continue à fermer les canaux du dialogue à leur égard. «Cette sourde oreille nous a poussés à investir la rue, en organisant des marches nationales au niveau de l'ensemble des wilayas du pays. Cette action est la deuxième du genre, après celle organisée à Béjaïa, le 27 septembre, en attendant la tenue du conseil national du Snapap durant lequel la section syndicale déterminera la prochaine destination d'une éventuelle marche nationale». En outre, les communaux demandent la révision immédiate de leur statut particulier qui porte préjudice aux droits de ce corps. «Il y a des travailleurs qui perçoivent un salaire mensuel inférieur au SNMG, plus précisément 15 000 DA. Comment voulez-vous que ce fonctionnaire puisse subvenir dignement aux besoins de sa famille ?», a-t-elle regretté.