Les habitants de plusieurs quartiers de la capitale se sont réveillés, le week-end dernier, sous les désagréments de l'interpellation des migrants subsahariens par les services de sécurité. à Aïn Bénian, Dely Brahim et Ould Fayet, les éléments de la police ont embarqué plus de 1400 migrants sur décision du Wali d' Alger. La majorité des migrants a été recensée au quartier de Bouchebouk, dans la commune de Dely Ibrahim. Souvent mêlés à des altercations avec les habitants desdits quartiers, les migrants, qui viennent de plusieurs états africains, ont été transportés vers le centre d'été de Zéralda. Mais dans quelles conditions l'opération a été menée ? La ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) dénonce «ces arrestations massives de migrants et leur rétention arbitraire et violente». à travers deux communiqués rendus publics successivement, la LADDH fait état de la situation des migrants dans le centre de Zéralda et écrit que «parmi les personnes arrêtées figurent des enfants, des femmes enceintes, des malades (…)». Parmi eux se trouvent, ajoute-t-on dans les deux documents, des subsahariens en situation irrégulière, des demandeurs d'asile et des réfugiés. La LADDH affirme que les migrants «ont été violemment transportés, samedi, à une heure du matin, dans des bus se trouvant devant le centre d'été de Zéralda». Ils affirment que leur tentative de joindre le ministère de la solidarité sont restées vaines. Les rédacteurs du document constatent également que les migrants ont tous été victimes de cette «opération de détention dans des conditions d'existence désastreuses et indignes». Hier, des habitants ont émis des protestations de ces migrants sortis à l'extérieur du centre de Zéralda pour empêcher les éléments de la police de les embarquer dans les bus qui devaient les transporter vers Tamanrasset avant d'être réexpédiés dans leurs pays respectifs. La LADDH déplore, à ce propos, des blessés du côté des migrants lors de l'opération d'évacuation. Contacté, le chargé de communication de la protection civile, le colonel Achour, affirme qu'aucune intervention de transfert de blessés vers les centres hospitaliers n'a été effectuée. «Dans le cas où il y aurait eu des blessés, nous aurions été de facto contactés, or ce n'était pas le cas», dit-il. Cependant, la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme insiste et s'indigne contre «la gestion policière exclusive de la question migratoire en Algérie». Pour sa part, le chargé de communication d'Amnesty international en Algérie, Brahim Mahdid, qui dit ne pas avoir encore fait un état des lieux, rappelle tout de même leur demande transmise à l'état algérien concernant la question migratoire. «Nous demandons de protéger tous les migrants et les réfugiés de la violence sans distinction fondée sur leur statut migratoire». En outre, ils appellent à ce que les responsables de ces violences soient traduits en justice, car, précisent-ils, «les migrants en situation irrégulière sont vulnérables aux agressions physiques, aux violences sexuelles, à la xénophobie et au vol.» Amnesty international-Algérie dénonce, d'autre part, le comportement des autorités vis-à-vis des affrontements auquels les migrants sont confrontés durant leur transport en bus vers les frontières du sud du pays. A travers cette solution, l'état «prétend qu'il assure leur sécurité», regrette-t-on à Amnesty international.