La splendeur de la cérémonie d'ouverture du 1er Festival culturel panafricain, organisé à Alger en 1969, a été relevée avec émotion par le chanteur et compositeur Mohamed Lamari, qui y a participé avec un bouquet de chansons. «Je me rappelle de ce grand moment, comme si cela datait d'hier. Un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire», a confié à l'APS la vedette de la chanson moderne algérienne. «Cela a été un grand honneur pour moi d'avoir été choisi pour animer la soirée d'ouverture de cette grande fête de l'Algérie et de l'Afrique», s'est-il rappelé avec nostalgie. Accompagné par un orchestre, dirigé par le défunt maestro Boudjemia Merzak et composé de musiciens professionnels dont Messaoud Fettouki, frère de la chanteuse Warda El Djazaïria, «un monument des rythmes toumba (percussion), j'avais ce soir-là, malgré le trac, donné le meilleur de ce que j'avais dans la gorge et dans le cœur», se rappelle avec émotion ce ténor dont la renommée a franchi les frontières. A l'époque, habillé d'un élégant costume blanc et portant un nœud papillon, il avait interprété les chansons phares Bladna (notre pays), paroles écrites par le poète et parolier Mustapha Toumi (auteur de Seb'hane ya Ltif chantée par le défunt cardinal El Anka) et musique composée par Blaoui El Houari, Le Vietnam de Mustapha Toumi et dont la composition signée Mohamed Lamari, Falestine (Palestine), écrite par Mustapha Toumi et le musique de Tayssir Akla, Djazaïri (Algérien), paroles de Habib Hachelaf et musique de Haddad El Djilali, et Rana h'na (Nous sommes là) dont la musique est composée par Lamari. «La chanteuse Miryam Makeba, celle qu'on appelait affectueusement ‘‘Mama Africa'', était présente ce jour-là, ainsi que la chanteuse américaine Nina Simone», s'est souvenue l'artiste, rappelant la participation de Miryam Makeba aux galas inscrits dans le cadre du festival et qui se sont déroulés aux salles de cinéma Atlas et Afrique. «J'ai revu Miryam Makeba en 1972 pour chanter avec elle la chanson Africa, écrite par Mustapha Toumi, également auteur de mon autre chanson intitulée Che Guevara», a-t-il ajouté. «Dieu m'a donné une voix et je la mets au service de l'art de mon pays», a souligné Mohamed Lamari, un artiste qui compile soixante et un ans de carrière et qui compte à son actif plus de deux mille cinq cents galas et cent cinquante deux chansons. «J'ai fait trois fois le tour du monde et représenté avec fierté mon merveilleux pays lors des semaines culturelles algériennes organisées à l'étranger», a affirmé la vedette de la chanson moderne, dont les débuts artistiques remontent à 1948. «J'ai chanté la chanson Che Guevara en huit langues, car j'ai la révolution dans le sang», a précisé Mohamed Lamari, qui dit avoir participé «activement» à la guerre de Libération nationale et été arrêté par les forces coloniales en 1957, alors qu'il venait à peine d'avoir 16 ans.