Ce n'est pas une saignée mais plutôt une hémorragie. Le parti d'Amara Benyounès vit depuis une semaine au rythme de démissions collectives et individuelles qui vont crescendo. Les départs du Mouvement populaire algérien (MPA) se comptent désormais par centaines. Et la contagion a atteint plusieurs bureaux de wilaya, entre autres Bouira, Guelma, Béchar, Bordj Bou Arréridj, Béjaïa et Sétif, après que le coordinateur d'Alger, Abdelkhakim Bettache, ait claqué la porte. A Bouira, pas moins de 5 membres du Conseil national, dont même un membre du Bureau national, qui ont déclaré leur divorce avec la formation de l'ancien ministre du Commerce, protestant contre ses «pratiques et sa gestion antidémocratique», lit-on dans un communiqué laconique. Il s'agit de Rachid Benali, Hocine Gherbi, Djamel Azizi, Madjid Khelfane et Baya Dahmani. Cette dernière est même très proche d'Amara Benyounès, faisant partie de son restreint bureau national. «Plusieurs coordinateurs de différentes communes de la wilaya ont emboité le pas à leurs cadres à Bouira», apprend-on de sources fiables du parti. Dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj également, quatre membres du Conseil national ont signé une déclaration commune dans laquelle ils ont annoncé leur démission du parti, pointant du doigt «la gestion opaque et unilatérale» d'Amara Benyounès. Ce dernier a même «violé les statuts et règlement intérieur du parti», écrivent-ils. Du côté de Béchar, l'on notera également la démission collective de «tous les cadres» du parti, à leur tête Ahmed Salhi, membre fondateur du MPA, et avant celle de l'UDR (Union pour la démocratie et la république). Les démissionnaires ont, à cet effet, exprimé leur soutien à Abdelhakim Bettache, maire d'Alger-centre, qu'ils estiment «crédible». La même mention a, en tout cas, était reprise dans plusieurs déclarations de démission. «Ma décision de démission vient en soutien à mon frère de combat et mon premier responsable au niveau du bureau de wilaya», peut-on lire, par exemple, dans une lettre de Mohamed Amine Zemam à Amara Benyounès, et dans laquelle l'expéditeur a mis en valeur «l'intégrité, l'honnêteté» de Bettache. Des coordinateurs de plusieurs communes de la capitale ont rejoint la longue liste des départs, à l'instar de celui de Staouéli, Hafidh Titah, celui de Chéraga, Djamel Boughrara ainsi que le maire de la commune de Rahmania. De leur côté, les 9 élus du parti de l'exécutif communal de l'APC d'Alger-centre que dirige Abdelhakim Bettache ont fini par rédiger une démission collective. Les signataires s'insurgent contre «les dépassements que pratique une poignée d'opportunistes, sur orientation du président». C'est dire combien la démission du P/APC de la puissante commune de la capitale a pesé dans le soudain basculement du MPA dans la crise. Un fait qui révèle, si besoins est, que le parti de Benyounès n'a plus les grâces du pouvoir, en particulier du cercle présidentiel. Le remplacement de Messaoud Benagoune, ministre MPA du Tourisme limogé après 48 heures par une personnalité non partisane (Hacène Mermouri) semblait comme un signal qui ne souffrait d'aucune ambiguïté. Le 17 juillet dernier, Abdelhakim Bettache a, dans une déclaration, annoncé officiellement avoir déposé sa démission du parti. Dans sa lettre, il a parlé de «pratiques malsaines» et des «coups enfantins», et accusé Amara Benyounès d'être «l'instigateur d'une campagne d'opportunistes visant les militants et les cadres du bureau de la wilaya d'Alger». Bettache s'explique aujourd'hui Le maire de l'APC d'Alger-centre animera, ce matin, une conférence de presse pour revenir sur «les causes et les raisons l'ayant poussé ainsi que plusieurs militants à démissionner du MPA». La sortie du désormais ex-coordinateur du parti d'Amara Benyounès promet de révéler beaucoup de choses, notamment sur la gestion de l'ex-ministre du Commerce. Une gestion qualifiée d'«opaque et d'autoritaire» par l'ensemble des démissionnaires. Abdelhakim Bettache, qui a écrit que sa démission était «la conséquence d'une profonde réflexion», est surtout attendu sur son avenir. Ses collaborateurs affirment qu'«il se représentera pour briguer un second mandat» à la tête de l'exécutif de la mairie d'Alger-centre. Mais, si c'est le cas, le sera-t-il en candidat libre ou rejoindra-t-il les rangs d'un autre parti politique du pouvoir ? Le rendez-vous d'aujourd'hui donnera plus d'éclaircissements.