Usain Bolt aurait-il dû s'arrêter au sommet après son triplé aux JO de Rio ? Ce débat peut-être un peu vain, né de sa troisième place sur 100 m il y a huit jours, va forcément rejaillir après ses tristes adieux au sport qui l'a fait roi. L'octuple champion olympique a été brutalement stoppé après quelques foulées lors du 4x100 m, sa dernière course. Lancé en troisième position en tant que dernier relayeur, Bolt devait réussir un exploit pour aller chercher un cinquième titre consécutif dans cette discipline. Mais sa cuisse gauche l'a trahi et après une grimace de stupeur, le Jamaïcain s'est étalé de tout son long, face contre piste. Interrogé à la télévision, Yohan Blake, son coéquipier, a évoqué «un temps d'attente trop long - plus de 40 minutes - dans la chambre d'appel» avant d'entrer sur la piste. Devant, loin de cet éclair qui avait foudroyé le plus grand athlète de l'histoire, les Britanniques et les Américains se sont livrés un duel homérique. Nethaneel Mitchell-Blake est allé offrir l'or à un public londonien stupéfait en résistant à l'Américain Chris Coleman pour cinq centièmes (37"47 contre 37"52). Derrière, le Japon a réussi une très belle performance en accrochant le bronze (38"04) devant la Chine et un quatuor français pas dans le coup (38"54). En abandonnant, Usain Bolt a laissé à l'Américaine Allyson Felix, titrée juste avant sur 4x100 m, le record de médailles dans des Mondiaux, avec 15 contre 14. Elle pouvait en ajouter une 16e hier soir avec le 4x400 m. Au relais 4 x 100 m dames, ce sont les Américaines qui sont parvenues à remporter l'or. Le dernier relais de Tori Bowie, sacrée en individuel sur 100 m, a fait la différence. Les Britanniques empochent la médaille d'argent alors que la médaille de bronze est revenue aux Jamaïcaines. Et Mohamed Farah a cédé... Enorme surprise dans le 5 000 m messieurs où le roi Mohamed Farah, grand favori de l'épreuve, a été battu. Le Britannique pensait bien aligner un nouveau succès et remporter la médaille d'or mais cette fois-ci il est tombé dans le piège tendu par les Ethiopiens qui ont fait une course d'équipe avant de laisser leur représentant, Muktar Edris, pendre les devants à 200 m de l'arrivée pour l'emporter en 13 :32.79 devant Farah (13 :33.22) et l'Américain Paul Kipkemoi Chelimo troisième en 13 :33.30. Au 100 m haies, c'est l'Australienne Sally Pearson qui a été sacrée championne du monde. Elle a devancé l'Américaine Dawn Harper Nelson et l'Allemande Pamela Dutkiewicz. L'Australienne a décroché son deuxième titre mondial après 2011, en remportant la finale en 12.59 (vent : +0,1 m/s). A 30 ans, Pearson, championne olympique à Londres en 2012, a devancé l'Américaine Dawn Harper-Nelson en 12.63 et l'Allemande Pamela Dutkiewicz (12.72). Apres deux années passées à réparer ses blessures, Pearson est revenue cette saison au plus haut niveau, la seule à contester l'hégémonie américaine. Quatre au départ, les US girls ont, d'ailleurs, failli et, malgré un bon départ, Kendra Harrison, détentrice du record du monde (12.20), a terminé au pied du podium (12.74). Dans l'épreuve du javelot messieurs, la médaille d'or a été remportée par l'Allemand Johannes Vetter (24 ans) qui a décroché le premier titre mondial de sa carrière avec un jet à 89,89 m. Johannes Vetter avait donné le ton dès les qualifications en réussissant un jet historique à 91,20m. L'Allemand n'a pas réussi à rééditer, en finale, pareille performance, mais cela a suffi à le sacrer champion du monde, samedi à Londres. Dès sa première tentative, Vetter a frôlé les 90 mètres (89,89 m), réussissant le meilleur jet d'un concours sur lequel le favori et champion olympique Thomas Röhler (4e avec 88,26 m) n'a jamais régné. Deux Tchèques complètent le podium : Jakub Vadlejch (89,73 m) et Petr Frydrych (88,32 m). Au saut en hauteur féminin, c'est l'hymne de l'IAAF qui a retenti pour saluer le succès de la Russe Maria Lasitskene avec un bond à 2,03 m. Elle s'est imposée devant l'Ukrainienne Yuliia Levchenko (2,01 m) et la Polonaise Kamila Licwinko (1,99 m). Enfin, dans le décathlon la médaille d'or est revenue au Français Kevin Mayer (8 768 points) devant les deux Allemands Rico Freimuth (8 564 points) et Kai Kazmirek (8 488 points).