Arrivé au terminus de sa carrière, la superstar Usain Bolt a été foudroyée par une crampe dans la dernière ligne droite de la finale du relais du 4x100 m des Mondiaux de Londres, s'écroulant sur la piste, incapable de mener le bâton à l'arrivée samedi soir. Lancée à la poursuite du Britannique Nethaneel Mitchell-Blake et de l'Américain Christian Coleman, la grande carcasse s'est cabrée à une cinquantaine de mètres de l'arrivée, la jambe gauche en déséquilibre. «C'est une crampe à l'ischio-jambier gauche mais le plus douloureux, c'est la déception de perdre la course. Les trois dernières semaines ont été dures pour lui, vous savez. Nous lui souhaitons le meilleur», a indiqué le médecin de l'équipe jamaïcaine Kevin Jones. La légende vivante du sprint (huit médailles d'or olympiques, onze aux Mondiaux) a refusé le fauteuil roulant qu'on lui proposait, se relevant péniblement en se tenant derrière la cuisse gauche pour retrouver ses partenaires jamaïcains. Forcément déçus comme lui. La plus formidable machine à sprinter s'est donc grippée pour sa dernière exhibition. «Il s'est excusé auprès de nous mais il n'y avait pas besoin d'excuses, les blessures faisant partie du sport», a déclaré son partenaire Julian Forte. Seulement troisième du 100 m il y a une semaine, son premier échec en grand championnat depuis dix ans, Bolt (30 ans) a raté ses adieux sur le plan sportif. Comme des combats de trop. Ovationné Il aura néanmoins eu à Londres la confirmation, s'il en était besoin, de son immense pouvoir sur les foules qui l'ont ovationné et chéri. Scandant son nom, ils ont sifflé l'Américain Justin Gatlin, le vainqueur du 100 m, qui porte comme un fardeau ses quatre ans de suspension pour dopage. Samedi soir, Gatlin a rendu hommage à Bolt, «showman extraordinaire». L'homme le plus rapide de tous les temps (9 sec 58 au 100 m, 19 sec 19 au 200 m) aura finalement surtout savouré sa dernière matinée, pour les séries. Au temps de sa splendeur et de celle du sprint jamaïcain, le roi n'apparaissait pas le matin, laissant à un remplaçant le soin d'expédier la formalité des qualifications. Lui n'arrivait que le soir, en habit de lumière dans son maillot jaune. Samedi soir, la magie n'a plus fonctionné. Et, pendant que la Foudre était au sol, Mitchell-Blake résistait à Coleman (37.47 à 37.52) pour donner l'or que la Grande-Bretagne avait auparavant espéré de Mo Farah. Un premier coup de tonnerre avait retenti dans le stade une heure et demie auparavant, pour annoncer la première défaite depuis 2011 en grand championnat de Mo Farah, le héros britannique, lui aussi battu dans la dernière ligne par l'Ethiopien Muktar Edris. Le doublé semble interdit à Londres. Après l'échec du Sud-Africain Wayde Van Niekerk (1er du 400 m/2e du 200 m), l'idole du stade a également échoué à renouveler le doublé du demi-fond (10 000/5 000 m) qu'il avait réussi quatre fois entre JO et Mondiaux... Bolt en chiffres Retour sur les chiffres marquants de la carrière de la légende du sprint Usain Bolt. 0 : ses défaites en grande compétition depuis les JO-2008 et jusqu'à son dernier 100 m en finale des Mondiaux-2017 à Londres, 3e derrière les Américains Justin Gatlin et Christian Coleman. 1 : comme son faux départ à Daegu, en finale du 100 m des Mondiaux-2011, qui le prive d'un titre mondial... ou d'une défaite en grande compétition. 5 : comme le nombre d'athlètes qui l'ont battu sur la piste sur 100 m: les Américains Justin Gatlin, Tyson Gay et Chris Coleman, les Jamaïcains Asafa Powell et l'Antiguais Daniel Bailey. 6 : le nombre de fois que Bolt a remporté le titre d'athlète de l'année décerné par la fédération internationale IAAF (2008, 2009, 2011, 2012, 2013, 2016). 7 : le nombre de records du monde battus sur 100 m, 200 m et relais 4x100 m. 8 : le nombre de médailles d'or aux jeux Olympiques. 9,58 : en secondes, son record du monde du 100 m battu le 16 août 2009 aux Mondiaux de Berlin. 11 : le nombre de médailles d'or aux Championnats du monde (100 m, 200 m 4x100 m en 2009, 2013, et 2015, 200 m et 4x100 m en 2011). 19,19 : en secondes, son record du monde du 200 m battu le 20 août 2009 aux Mondiaux de Berlin. 53 : nombre de passages sous les 10 secondes sur le 100 m 196: sa taille en cm. 300 000 : en dollars, l'estimation de ses primes d'engagement en meetings 34,2 millions : ses revenus annuels en dollars, selon le classement 2017 des sportifs les mieux payés dans le monde établi par le magazine Forbes. 4x100 m messieurs : Les Britanniques décrochent le titre Les Britanniques ont décroché le titre mondial du 4x100 m aux championnats du monde à Londres en 37 sec 47 (record d'Europe), devant les Américains (37.52) et les Japonais (38.04). Le Jamaïcain Usain Bolt s'est blessé lors de la course. Les Britanniques Chijindu Ujah, Adam Gemili, Daniel Talbot et Nethaneel Mitchell-Blake ont battu le record d'Europe de leurs compatriotes, qui remontait aux Mondiaux-1999 à Séville. Alors que la Jamaïque était au contact de la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pour le titre mondial après le passage du troisième relais, Bolt s'est claqué, touché à la jambe gauche, pour sa dernière ligne droite sur la scène internationale. Bolt s'est alors arrêté en plein effort, s'est allongé sur la piste mais s'est relevé pour rejoindre ses équipiers en boitant. Les Jamaïcains avec Bolt avaient remporté le titre mondial sur 4x100 m quatre fois de suite à Berlin-2009, Daegu-2011, 2015, et il faut remonter à 2005 pour retrouver un podium sans les athlètes de Kingston. L'Australienne Sally Pearson remporte la finale du 100 m haies L'Australienne Sally Pearson a remporté la finale du 100 m haies en 12 sec 59/100e (vent: +0,1 m/s) aux Mondiaux- 2017 d'athlétisme, samedi soir au stade olympique de Londres, décrochant ainsi son deuxième titre mondial après 2011. A 30 ans, Pearson, championne olympique à Londres en 2012, a devancé l'Américaine Dawn Harper-Nelson en 12.63 et l'Allemande Pamela Dutkiewicz (12.72). Après deux années passées à réparer ses blessures, Pearson est revenue cette saison au plus haut niveau, la seule à contester l'hégémonie américaine. Quatre au départ, les «US girls» ont d'ailleurs failli et, malgré un bon départ, Kendra Harrison, détentrice du record du monde (12.20), a terminé au pied du podium (12.74). Le Français Kevin Mayer sacré au décathlon Le Français Kevin Mayer, vice-champion olympique, a été sacré champion du monde du décathlon, en terminant les dix épreuves réparties sur deux jours, avec un total de 8 768 points, à quelques unités de son record de France (8 834). Favori de l'épreuve après la retraite de l'Américain Ashton Eaton, double champion olympique (2012 et 2016) et recordman du monde (9 045 points), Mayer a parfaitement tenu son rôle et devancé les Allemands Rico Freimuth (8 564 pts) et Kai Kazmirek (8 488 pts). Sur les dix épreuves, Mayer a battu à trois reprises ses records personnels (10.70 sur 100 m, 48.26 sur 400 m, et 13.75 sur 110 m haies) et a été à un moment sur les bases pour passer la mythique barre des 9 000 points, que seuls Eaton (9.045 et 9.039) et le Tchèque Roman Sebrle (9.026) ont dépassé. Le Français a connu une très grosse frayeur lors de son concours du saut à la perche, pourtant l'un de ses points forts, en passant 5,10 m au 3e et dernier essai, avec une barre effleurée, évitant du même coup le zéro pointé. Il a terminé le 1 500 m en 4 min 36 sec 73/100e alors qu'il aurait dû courir autour de 4 min 26 pour battre son record de France. La Russe sous drapeau neutre, Maria Lasitskene sacrée au saut en hauteur Maria Lasitskene a décroché le titre de championne du monde du saut en hauteur, effaçant une barre à 2,03 m, samedi soir au stade olympique de Londres, devant l'Ukrainienne Yuliia Levchenko (2,01 m) et la Polonaise Kamila Licwinko (1,99 m). Depuis la révélation en 2015 d'un dopage d'Etat, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a suspendu l'athlétisme russe en novembre 2015. Les sportifs russes, privés de JO-2016 à Rio, ont été autorisés a concourir sous drapeau neutre à Londres et Lasitskene est la première titrée dans ces conditions. A 24 ans, Lasitskene, née Kuchina, a ajouté un deuxième titre mondial à sa palette, après celui de 2015 à Pékin. La jeune femme a tenté trois fois sans succès une barre à 2,08 m, soit un centimètre de moins que le record du monde, vieux de 30 ans, de la Bulgare Stefka Kostadinova. L'incroyable bourde d'une athlète kényane En finale du 3 000 m steeple, l'athlète kenyane Béatrice Chepkoech, pourtant candidate au titre, a oublié de passer par la rivière, le principal obstacle de sa discipline. A 26 ans, Béatrice Chepkoech ne manque pas d'expérience. Pourtant, ce vendredi, la Kenyane a commis une faute de débutante. Voire même pire. En pleine finale mondiale du 3 000 m steeple, la jeune femme – candidate au podium voire même au titre suprême – commettait une erreur inédite sans aucun doute à un tel niveau. Peut-être déconcentrée par la bousculade se produisant à ses côtés, elle oubliait tout simplement de tourner pour franchir la rivière, le fameux obstacle inhérent à sa discipline. Jusqu'au moment où, se sentant seule, elle tourna la tête sur la gauche et se rendit compte de son incroyable boulette. Hésitant sur la marche à suivre, elle repartit alors en arrière pour ne pas être disqualifiée. Dernière, elle allait alors entamer une remontée fantastique pour échouer au pied du podium, à la 4e place. Pour six secondes. Sans doute celles qu'elle a perdues lors de son détour digne des meilleurs bêtisiers sportifs.