La Libye post Kadhafi continue d'exister sur les terrains. Après deux ans de suspension, le championnat national a redémarré mardi. Sa locomotive, le Ahly Tripoli, disputera bientôt les quarts de finale de la Ligue des champions d'Afrique et l'équipe nationale locale a battu l'Algérie chez elle en éliminatoires aller du CHAN. En Europe, et même en Afrique, l'information est presque passée inaperçue. Après deux années de suspension dues à l'instabilité politique et militaire du pays qui avait conduit à l'annulation de l'exercice 2016-17, le championnat national de Libye, qui rassemble 28 clubs répartis dans quatre groupes géographiques, a redémarré mardi. Plusieurs matches se sont déroulés à Misrata, Benghazi et Tripoli, mais sans que le public ne soit autorisé à y assister. En dépit d'une réalité quotidienne extrêmement compliquée pour chacun, due à l'effondrement de l'économie et la destruction de nombreuses infrastructures, le football libyen a continué d'exister toutes ces années, en exil notamment puisque plusieurs clubs étaient basés durablement dans la Tunisie voisine et disposaient de moyens importants pour recruter joueurs et même entraîneurs. Des allers-retours risqués Ainsi, en 2015, le technicien français Pierre Lechantre a brièvement dirigé l'Ittihad de Tripoli engagé en Coupe d'Afrique, et qui évoluait en Tunisie. Seuls joueurs et dirigeants faisaient parfois des allers-retours, à leurs risques et périls, au pays pour y retrouver leurs familles. En 2014, alors que le pays était dévasté, la Libye était partie disputer le championnat d'Afrique des nations (CHAN) en Afrique du Sud. Dirigé par l'expérimenté Espagnol Javier Clemente, la sélection avait fini par remporter la compétition, aux tirs au but, aux dépens du Ghana. Elle avait également renoué avec la phase finale de la CAN en 2012 lors de l'édition coorganisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Alors que le championnat vient tout juste de reprendre, de nombreux internationaux évoluent toujours pour des raisons évidentes à l'étranger : en Tunisie, mais aussi au Liban, au Maroc, aux Emirats et même en Italie, comme l'excellent milieu offensif Ahmed Benali (Pescara), né à Manchester il y a 25 ans et l'un des rares basés en Europe. Succès contre l'Algérie Il y a quelques jours, l'équipe nationale locale a créé la sensation. Engagée en éliminatoires aller du CHAN 2018, elle s'est déplacée à Constantine et a dominé l'Algérie (2-1). Sans surprise, une grande partie des joueurs de la sélection est issue du Ahly Tripoli, entité la plus compétitive puisqu'elle s'est qualifiée le mois dernier pour les quarts de finale de la Ligue des champions d'Afrique. Un grand moment évidemment pour les Verts tripolitains emmenés par leur gardien Nashnush, et qui comptent aussi dans leurs rangs l'international centrafricain Vianney Mabidé et le Tunisien Derbali puisqu'ils ont réussi à terminer devant le Zamalek du Caire à l'issue de la phase de poules. Un authentique exploit pour cette équipe entraînée par l'Egyptien Taâlat Youssef, et qui défiera en septembre l'Etoile du Sahel (TUN). En dépit de difficultés réelles, l'équipe nationale de Libye continue d'évoluer à un bon niveau au plan continental, mais joue ses matches à domicile en Tunisie où elle compte une grande communauté qui a fui. Elle est toujours engagée en éliminatoires de la CAN 2019 (1re de sa poule après une journée). Par ailleurs, elle affrontera la Guinée deux fois fin août et début septembre en éliminatoires de la Coupe du monde 2018, où elle est dernière de son groupe après deux journées. Le Mondial en Russie demeure cependant un rêve inaccessible.