Après un long silence, le professeur Mokhtar Hasbellaoui parle et brise les tabous. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH), reconnaît le manque flagrant en ressources humaines, refuse catégoriquement les agressions contre le personnel médical et annonce une nouvelle feuille de route pour la réorganisation du schéma des soins. Dans une conjoncture marquée par une vive polémique autour de son secteur, après une multitude de scandales faisant suite au décès de patients dans des conditions pour le moins «obscures» -(Cas de la parturiente de Djelfa et celle de l'hôpital de Parnet) et autres agressions contre des médecins-, Mokhtar Hasbellaoui semble avoir pris tout le temps de réfléchir pour arriver à la conclusion qu'une nouvelle politique s'impose. Effacer l'héritage d'Abdelmalek Boudiaf qui, pour l'anecdote, vantait «la qualité des soins en Algérie comme dans nulle-part au monde» et recommencer à zéro. «Nous sommes sur un tas de programmes et c'est pourquoi j'ai refusé de donner des points de presse comme ça, parce que je n'avais pas commencé à mettre sur rail ce que nous allons introduire comme changement», a déclaré, hier, le ministre de la Santé, en marge de la rencontre nationale sur la santé scolaire et universitaire, organisée au Village des artistes de Zéralda. Le Pr Hasbellaoui a, à cet effet, révélé que son département préparait «une nouvelle feuille de route pour améliorer le schéma des soins» de façon à mieux prendre en charge le malade et mettre en place les conditions de travail adéquates pour les professionnels. Mais, il va sans dire que toute nouvelle politique suggère les ressources humaines nécessaires pour son application. Et c'est là où le secteur en soufre le plus, à en croire les aveux du ministre de tutelle. Il se trouve que notre système de santé est pauvre en matière de médecins spécialistes. «Nous avons un grand déficit en radiologie, un grand déficit en gynécologie-obstétrique et nous avons également un grand déficit en anesthésie-réanimation», a lâché Pr Hasbellaoui. Un coup de gueule pour un ministre ! Et lorsqu'on sait que ce dernier est professeur en ORL ayant de longues années d'expériences à son actif, les propos deviennent incontestables. Nouvelle politique Inutile de rappeler sur ce, le nombre de médecins ayant fuit le pays pour diverses raisons, notamment un meilleur cadre de travail, des avantages et un statut digne du métier de la médecine. Pour remédier à la situation, le ministre de la Santé et sans s'étaler dans le détail, explique que son département est entrain d'«élaborer un programme pour amoindrir le ressenti de ce déficit». Hasbellaoui s'est, par ailleurs, exprimé sur le phénomène des agressions contre les médecins et autres professionnels du secteur, qui ne cesse de prendre de l'ampleur à travers les hôpitaux. «Tous les dossiers des cas d'agression sont transmis au ministère de la Justice. C'est un impératif !», a-t-il assuré, non sans défendre sa famille naturelle. «Il est anormal qu'un médecin ou un paramédical soit agressé sur le lieu de son exercice», tranche le ministre, tout en reconnaissant à tout citoyen algérien malade, le «droit d'être mecontent par rapport au service rendu», notamment lorsqu'il s'agit de «fautes ou d'erreurs médicales» qui relèvent de la responsabilité du MSPRH. " Par contre, a enchainé Pr Hasbellaoui, les vols ou autre choses, ce n'est pas mon domaine ". Enfin et s'agissant du sujet de la rencontre, le ministre a insisté sur l'importance de la vaccination en milieu scolaire pour préserver la santé des citoyens, annonçant le lancement prochain d'une campagne de sensibilisation. Il fera part, d'ailleurs, d'une campagne de rattrapage contre la rougeole et la rubéole, des pathologies qu'il convient de combattre, précisant que la rubéole congénitale était à l'origine «de malformations très graves».