Des décennies après la fin de la guerre froide, du moins officiellement, le président Obama s'est envolé pour Moscou en compagnie des membres de sa famille. Un beau cadeau d'anniversaire pour sa fille aînée, ce voyage au pays des tsars. Mais le père Obama a semblé avoir déjà la tête au travail ; il aura fort à faire lors de son sommet avec le président Medvedev pour que les relations russo-américaines ne soient plus malmenées comme au temps des mandats respectifs de Vladimir Poutine et de George W. Bush. Parce que le courant passe mieux entre leurs successeurs, il faut espérer un aplatissement des différends qui opposent les Etats-Unis et la Russie, surtout au lendemain de l'invasion de l'Irak ? Tout ne pourra pas être réglé en un seul voyage et en un seul sommet. Toutefois, les deux hommes devraient parvenir ne serait-ce qu'à des accords de principe sur un tas de sujets. Et un peu plus sur la réduction des armes stratégiques. Le gouvernement s'est dit disposé à cette concession de part et d'autre. A condition, bien sûr, que Washington renonce à son projet de bouclier antimissiles en Pologne et en République tchèque. Car l'Oncle Sam aura beau jurer par trois fois que le bouclier en question ne concerne que la République islamique d'Iran, les Russes ne sont pas disposés à avaler la couleuvre. Bien qu'il ait eu à préciser que la décision au sujet de ce projet n'est pas définitive, le président Obama devrait montrer plus de signes dans le sens d'un probable abandon de ce projet pour pouvoir mettre ses interlocuteurs en confiance. Idem pour ceux-là qui devraient, à leur tour, le convaincre que le transfert de technologies nucléaires aux mollahs d'Iran est dépourvu de ce caractère militaire dont les Occidentaux et Israël accusent Téhéran de vouloir se doter dans les années à venir. Au-delà de ces tirs croisés qui se sont intensifiés suite à la tournure dramatique qu'a prise la dernière présidentielle iranienne, Barack Obama exigera-t-il des autorités russes des «garanties claires» quant à un retour de leur allié iranien à la table du dialogue ? Bien que ce scénario soit envisageable, il restera la volonté du gouvernement Netanyahu à l'accepter demain à Tel-Aviv où nul ne croit en la sincérité de la République islamique d'Iran. L'Amérique d'Obama ressentirait la même frustration de son fidèle allié au Proche-Orient, la Corée du Nord, qui a remis son défi au goût du jour après avoir montré une coopération exemplaire avec les services du docteur El Baradeï. Ainsi, la méfiance ne peut être que double à l'adresse des mollahs qui viennent d'inculper un représentant diplomatique britannique pour menaces contre la sécurité intérieure. Ce durcissement de ton à l'encontre de l'Occident risque d'éloigner Barack Obama de ses objectifs de dialogue qui caractérise la nouvelle politique étrangère américaine. Et bien qu'il n'ait pas dit ouvertement son souhait que la révolution verte de Moussavi aille jusqu'au bout, l'actuel régime de Téhéran sait qu'Obama partage un même et unique vœu qui est celui de tous les dirigeants occidentaux : le renversement du régime en place. Est-ce parce que le locataire de la White House veut rencontrer l'opposition russe que les hommes forts du Kremlin vont se sentir menacés ?