Quand un président américain se déplace à Moscou cela fait forcément l'événement. Le contraire est tout aussi valable. La visite qu'effectue aujourd'hui Barack Obama en Russie, au-delà de l'accord attendu sur la limitation même modeste des arsenaux nucléaires des deux pays, pourrait constituer un tournant dans les relations passionnelles mais pas toujours passionnantes entre Washington et Moscou. C'est, en l'occurrence, une « chaude » rencontre de deux jeunes dirigeants qui n'ont pas connu la guerre froide. C'est pour cela que ça promet, au-delà du poids du passé et abstraction faite de la rivalité légendaire entre ces deux pays. Obama a d'ailleurs écorché le tout-puissant Premier ministre, Vladimir Poutine, il y a quelques jours, lui reprochant « d'avoir un pied dans le passé ». C'était une façon de lui signifier que l'ère de la glaciation est définitivement fondue et que, avec lui, la devise c'est le « changement ». Poutine a été, certes, vexé par la remarque mais a espéré une nouvelle approche américaine des relations avec la Russie. Mais s'il y a un peu de tension entre Obama et Poutine, le courant semble bien passer avec Medvedev. Question de génération ? Peut être. En tout cas la Maison-Blanche a dit hier compter sur l'annonce d'un accord préalable aujourd'hui à Moscou entre Barack Obama et Dmitri Medvedev. Un accord qui permettrait de parvenir avant fin 2009 à un accord final sur la limitation des armes nucléaires et un nouveau traité Start. Appuyer sur le bouton « Je m'attends à ce qu'on ait une annonce » par les présidents américain et russe, a dit devant la presse à Moscou un haut responsable de la Maison-Blanche pour les problèmes d'armement, Gary Samore. « Il n'y aura certainement pas d'entente sur un accord final (...), il y a encore beaucoup de travail à faire, mais je crois que vous aurez droit à l'annonce de quelque chose qui indique certains progrès accomplis vers cet objectif », a-t-il ajouté. Gary Samore a indiqué que les Etats-Unis voulaient parvenir à un accord final avant la fin de l'année. Il s'est gardé de dire si l'accord préalable que devraient annoncer MM. Obama et Medvedev aujourd'hui contiendrait des données chiffrées sur la limitation des ogives nucléaires ou de leurs vecteurs. Les deux maîtres du monde devraient donc appuyer sur le bouton de « remise à zéro » des arsenaux nucléaires et des relations entre Moscou et Washington. M. Samore a signalé que la négociation d'un accord de contrôle des armements était « importante quand il s'agit de remettre à zéro les relations américano-russes et je pense que cela nous aidera à obtenir plus de coopération de la part de la Russie sur toute une série de questions comme l'Iran et la Corée du Nord ». Américains et Russes négocient un traité prenant le relais de Start. Signé quelques mois avant l'effondrement de l'URSS en 1991, Start a conduit à une réduction des arsenaux stratégiques des deux pays de 10 000 à moins de 6000 têtes nucléaires. Start expire le 5 décembre. En 2002, Washington et Moscou ont signé le traité Sort qui prévoit de réduire à 1700-2200 d'ici à 2012 le nombre des têtes nucléaires déployées et opérationnelles dans les deux pays. Le 1er avril, MM. Medvedev et Obama ont convenu d'abaisser leurs niveaux d'armements sous les niveaux de Sort.. M. Samore a souligné que les négociations impliquaient des questions très compliquées. Il a admis que l'une des difficultés résidait dans le projet américain d'installer en Europe les éléments d'une troisième composante du bouclier antimissile des Etats-Unis. Il est tout compte fait évident que les négociations s'annoncent ardues du fait des enjeux géopolitiques et des intérêts stratégiques des deux pays. Obama pourra t-il dompter l'ours Medvedev ? « He Can ! »