La pandémie due au virus de la grippe porcine ne cesse de se propager, inquiétant sérieusement les services de l'OMS sur ses effets à moyen terme. Affectant les cinq continents et touchant un grand nombre de pays, le virus A/H1N1 se répand de plus en plus rapidement malgré les mesures de prophylaxie prises à l'échelle planétaire, notamment au niveau des aéroports et postes frontaliers terrestres et maritimes où des contrôles plus ou moins strictes sont imposés aux voyageurs. A ce jour, l'OMS reconnaît que le virus a contaminé 100 000 personnes à travers le monde et provoqué le décès de 429 malades, c'est ce qui explique sa décision du 11 juin de déclarer le monde en état de pandémie, avec le relèvement de l'alerte sanitaire à son niveau maximal. Si, au niveau des pays d'Amérique du Nord, d'Europe, d'une grande partie de l'Asie et d'Océanie, bien qu'ils soient eux-mêmes sérieusement affectées par le virus A, les gouvernements ont les moyens d'affronter la pandémie, il en est autrement pour la majorité des Etats d'Afrique où les conditions de vie difficiles des populations et la rareté des moyens prophylactiques ne sont pas pour stopper la progression de la pandémie. Déjà en butte à des problèmes récurrents de santé publique dus à la dégradation des conditions sanitaires et à la pauvreté, les pays africains pourraient donc payer un lourd tribut à cette forme de grippe particulièrement sévère contre laquelle ils n'ont malheureusement aucune parade. Que peuvent en effet des pays pauvres comme ceux du Sahel ou de l'Afrique centrale contre une maladie dont le traitement nécessite aussi bien des infrastructures de santé – qui font presque défaut dans les campagnes africaines – que des millions de doses de vaccin, le Tamiflu essentiellement, qu'ils ne peuvent d'ailleurs se payer vu l'état de faillite de leurs économies ? Ce type d'appréhension est soulevé dans les grands forums internationaux. A Genève, la directrice de l'OMS, Margaret Chan, a déploré que l'accès au vaccin contre la grippe porcine ait été d'abord réservé aux pays les plus développés au détriment des habitants des pays les plus pauvres. La responsable de l'organisation onusienne a attiré l'attention sur le fait que les capacités de production de vaccin contre la grippe ne sont pas infinies. Malheureusement, avoue-t-elle, elles ne peuvent satisfaire les besoins d'une population mondiale de 6,8 milliards de personnes. Pour enfoncer le clou, Mme Chan dit s'attendre à la contamination de «près de la totalité» de l'humanité par un virus qu'elle considère comme «hautement contagieux». La responsable de l'OMS regrette que seuls les citoyens des pays riches puissent bénéficier de médicaments, car les autres sont, selon elle, dans l'impossibilité de les payer. Une autre responsable de l'OMS avait estimé, avant-hier, que tous les pays auront besoin de vaccin contre la grippe porcine car, selon l'organisation, la pandémie est partie pour ne plus s'arrêter. L'Afrique et les autres contrées déshéritées de la planète devront donc se contenter du don de 250 millions de doses promis par deux laboratoires pharmaceutiques ou compter sur la mansuétude des pays riches qui, pour rappel, avaient promis une hypothétique aide aux pays les plus démunis. Une assistance qui sera toutefois payante puisque les médicaments leur seront vendus. Quand bien même ils le seraient à des prix avantageux.