Il y a deux jours, Benyamin Netanyahu a dit son espoir de sceller la paix avec les Palestiniens. Peu importait, à ses yeux, si cela se ferait dans des mois ou des années, la paix au Proche-Orient est partie pour attendre des siècles. Pourtant, après les avoir rejetés, l'OLP s'est déclarée prête à reprendre les pourparlers sous conditions. L'administration de Tel-Aviv a-t-elle décidé de retirer sa soldatesque jusqu'aux positions d'avant l'Intifada II puisqu'il ne semble plus rester de traces des frontières de 67 ? Ô que non. Les Palestiniens sont disposés à renégocier la paix seulement si l'Etat hébreu renonce à la poursuite de la colonisation. Pas trop cher payé.Mais comme aujourd'hui est un autre jour et que la paix reste à la merci des courants d'air, voilà que ce même Netanyahu soutient un projet de loi visant à bannir la «Nakba» des manuels scolaires destinés aux jeunes arabes d'Israël. Et ce n'est pas un canular comme l'est son soudain espoir de paix, le projet de loi est en cours d'examen à la Knesset. Nul besoin de se creuser les méninges pour savoir qui est derrière cet acte négationniste. Evidemment, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, qui cultive un seul et un unique rêve expulser les quelque 1,7 million de Palestiniens, citoyens d'Israël, sous prétexte qu'ils tardent à faire allégeance. De ce fait, dès la prochaine rentrée scolaire, les élèves de «catégorie 2» devront apprendre qu'en 1948, date de la proclamation d'indépendance unilatérale de l'Etat d'Israël, les Palestiniens n'ont pas été expulsés de chez eux mais qu'ils sont partis de leur propre gré vers les pays arabes voisins afin qu'ils puissent y préparer une guerre contre le jeune Etat hébreu. En un mot, la «Nakba» n'a jamais eu lieu. De la pure fabulation collective ! Qu'en pensent Benny Morris, Ilan Pappé, Avi Shlaïm, Tom Segev, les néo-historiens israéliens ? Que l'exode des Palestiniens a été le plus souvent le résultat de violences et d'une guerre psychologique savante. Ne le dites pas au couple de faucons, leur négationnisme n'est pas tombé du ciel. Il est mûrement réfléchi tant il justifierait une réplique à la mesure des attaques de leurs adversaires. En plus d'être destinée au Hamas palestinien – ce n'est parce qu'il a brûlé sa charte anti-israélienne qu'il a renoncé à la destruction de l'Etat hébreu – la réplique vise également à remettre le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à sa place. Histoire de lui rappeler que la Shoah n'est pas de la pure invention. Par son négationnisme décrété, l'administration de Tel-Aviv cherche-t-elle à déstabiliser un peu plus le régime iranien dont les fractures internes ne sont plus dissimulables ou veut-elle sonder les arabes d'Israël avant de leur demander de prêter serment de loyauté envers l'Etat hébreu ? Il ne faut pas qu'en septembre prochain, l'Occident s'étonne si le président Ahmadinejad venait à en remettre une couche sur l'inexistence de la Shoah de derrière le pupitre de l'Assemblée générale de l'ONU.