Les férus de la baignade en mer ne savent plus où partir en ces temps de fortes chaleurs. Les habitant du littoral algérois, particulièrement ceux résidant entre le segment routier de Bab El Oued et Ain Bénian, se baignent, malgré l'interdiction prescrite, dans des plages où l'état de pollution est fortement avancé. Les plages de la capitale sont diverses. On peut trouver des endroits au sable fin ou épais, d'autres avec des rochers et des petites baies. La façade maritime algéroise offre aux enfants de la ville une multitude de choix. A Raïs Hamidou, l'on distingue trois plages séparées l'une de l'autre par des rochers artificiels et qui constituaient jadis une voie ferré. Outre plage Franco et la Rascasse, du côté est de cet ancien quartier de pêcheurs appelé la Pointe, le coin dit «Sport nautique» voit se déverser dans la mer des égouts provenant d'une usine située en amont. Malgré l'interdiction de baignade, mentionnée sur une plaque à l'entrée, la plage est investie par les jeunes habitants le quartier et ceux originaires des autres communes algéroises. En général, ce sont des petits bambins. Mais on peut aussi remarquer la présence de pères de famille accompagnés de leur progéniture. La question qui se pose en premier lieu, c'est dans quel registre s'inscrit cette indifférence, lorsqu'on connaît tous les dangers de baignade dans des eaux polluées. Du produit toxique aux eaux usées des ménages, des personnes nagent sans se soucier du danger qui les guette. Ajoutés à la pollution des eaux, des poubelles sont jetées à raz de terre, accentuant ainsi la clochardisation des lieux. De jeunes gens avec qui nous avons entamés la discussion disent ne pas avoir le choix. «C'est le seul lieu de divertissement dans lequel nous pouvons passer de bons moments en été. Tout le monde sait que les trois plages de la Pointe sont polluées. On ne peut se permettre de dépenser tous les jours de 300 à 400 DA pour aller ailleurs, comme à Tipaza.» Tel une petite rivière sur du sable, un simple coup d'œil en direction des eaux usées dégagées par la cimenterie de la Pointe suffit pour comprendre la complexité du problème. «Ce qui est malheureux, c'est qu'à chaque fois que le responsables prévoient d'apporter la solution, rien n'est fait. Chaque année c'est le même discours. Je pense que ça serait bien de construire une fosse ou de dévier les égouts vers une station d'épuration. Mais aucun des deux projets n'a été envisagé», déclare un trentenaire à la couleur basanée. Les plages propres sont loin… Pareil constat pour de dizaines d'autres plages algéroises. A Baïnem, en sus des plaques d'interdiction à la baignade, le rivage maritime est occupé tel un lieu touristique. Rien qu'à voir les eaux, on ne peut en douter. Elles sont effectivement polluées et le taux de toxicité est considérablement élevé. Les habitants expriment le même souhait que leurs voisins de Raïs Hamidou. Un père de famille affirme que «vu les charges excessives de transport, il n'a le choix que la baignade, avec ses enfants, dans la mer impropre de son quartier». Bologhine, plus communément appelée Saint-Eugène, est réputée pour la saleté de ses eaux. Pourtant, à partir du boulevard, en se penchant au-delà des barreaux bleus datant de l'époque coloniale, des foules impressionnantes de jeunes gens se baignent. Chacun à sa méthode, de celui qui prend le large avec une chambre à air ou du plongeur debout sur les petits rochers émergents de la mer. En empruntant la route vers Aïn Bénian, des déchets sont jetés çà et là dans la plus grande indifférence. Quant à l'eau de ces plages, elle est par métaphore le refuge des bactéries qui attendent preneur. Après le dessalement des eaux de mer pour alimenter les Algérois en eau potable, les pouvoirs publics sont appelés à résoudre le problème de la pollution maritime, puisqu'il prend des allures de danger sur la santé publique. Un risque de pandémie est fort possible.