Le passage obligé au centre-ville de Tadjenanet, située à quelque 50 km de Sétif, offre au visiteur un spectacle curieux où des deux côtés de la chaussée sont rangés les magasins de pièces détachées. Aux abords des commerces touffus de produits, accrochés sur la toiture ou étalés à même le sol, les accessoires automobiles garnissent les lieux comme pour dégager un décor de concurrence ostensible à l'intention des demandeurs de pièces détachées et des accessoires pour les véhicules de tourisme et utilitaires. Mais ce sont les pare-chocs, pièces de tôle ou pots d'échappement chromés des véhicules les plus coûteux qui attirent le regard. Au premier plan, ce sont les fournitures des voitures allemandes Mercedes et Golf qui occupent le devant de la scène à Tadjenanet, une autre marque du décor luxueux. Une ville qui vit de la pièce détachée Cependant, même si Tadjenanet offre aux amateurs de voitures allemandes, les plus coûteuses sur le marché national, toute la gamme de la pièce détachée, on y trouve aussi pour tous les goûts car la pièce française adaptable et usagée n'est pas du reste. Parmi les accessoires les plus en vue et les plus recherchés, ce sont les jantes en alliage, les pots d'échappement turbo, pare-chocs, tableau de bord et même salon intérieur complet qui sont proposés. Les amateurs de la décoration automobile en ont de quoi combler leurs penchants. Reste que le marché de Tadjenanet offre aux usagers de l'automobile un large éventail de choix étalé sur toutes les marques en circulation sur le territoire national. Et si les bourses moyennes optent pour la pièce adaptable, les commerçants de Tadjenanet proposent aux plus pressés un moteur complet près pour le démarrage. Il s'agit là de la face visible du commerce à Tadjenanet, une ville qui vit de la pièce détachée. Plus de place pour l'investissement dans cette ville commerçante, connue depuis toujours pour son marché hebdomadaire et régional. La vocation rurale, un vieux souvenir Une région à vocation agricole, où l'agriculture n'est qu'un vain mot. Le marché traditionnel improvisé dans les artères du village finit ces dernières années, de par son ampleur, par aiguiser l'appétit des plus ambitieux du marché de l'informel et, par-là même inciter les pouvoirs publics à l'entretenir et à le sécuriser sur un terrain de plusieurs hectares, ce qui lui confère un statut national. Loin dans les terres agricoles perdues, une enceinte a été réalisée par l'APC afin de contenir hebdomadairement les foules compactes venues de l'est, du centre, du sud et de l'ouest du pays. On y vient de partout pour acheter à des prix compétitifs. C'est l'habillement et le cosmétique qui sont les plus prisés en gros comme au détail. Tout comme d'ailleurs le marché de Dubai, à El Eulma, à quelques vingtaines de kilomètres seulement, le marché de Tadjenanet est parvenu à résorber le chômage dans une région à vocation rurale. Là, les jeunes ne se consacrent plus au travail ancestral de la terre car il est jugé peu rentable. C'est l'achat-revente qui intéresse tout le monde à Tadjenanet, même pour la catégorie des moins jeunes, en âge de scolarité. La période des vacances est aussi pour eux celle des bonnes affaires. Bien avant le lever du jour, le souk est déjà pris d'assaut par des foules denses, car les premiers arrivés sont les mieux servis, dit-on, en qualité-prix s'entend.