Koléa est devenue si urbaine que les voleurs de portables opèrent en motocyclettes... L'événement, ce dimanche, était le procès des «motards» (3500 cm) qui se sont attaqués à Merzak Meddane et Chahinez L., une mineure délestée de son portable sous la menace mais aucune violence physique exercée. Le seul préjudice est moral. Une peur bleue à retenir. Le premier inculpé se met à table en reconnaissant les deux vols à l'arraché en procédant ainsi : la moto s'arrête au niveau de la «proie». Le premier reste au guidon. Le second «prie» la victime de leur remettre l'objet convoité. Ici il s'agit d'un portable revendu à 7000 DA alors que sa valeur est de 25 000 DA. Chahinez raconte les faits qui se sont déroulés durant le ramadhan : «Il est venu derrière moi. Il a mis ses mains sur les yeux alors que l'autre s'emparait du portable du cartable.» - «Ont-ils usé de violence ?», demande Mehdi Kouchih, le juge qui remplace ce dimanche Rabah Barik, pris dans une composition criminelle à Blida. - «Non, aucunement», dit-elle forte par la présence de son papa, un avocat. La seconde victime, elle, n'est pas si sûre que ce soit ces deux zigotos. «Classique, monsieur le président. La moto est arrivée à ma hauteur. Et hop ! Le portable m'est arraché sans dire merci», raconte la victime qui n'est pas si sûre car les voleurs lui ont paru plus grands, plus balèzes, alors que les deux voleurs ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Maître Azzedine Gasmi, l'avocat de Chahinez A., va se limiter aux regrets de voir des jeunes se comporter en véritables bandits s'attaquant par derrière aux victimes souvent seules sur les lieux des méfaits. «Vous avez devant vous le spécimen type d'inculpés qui peuvent être dangereux avec une arme à la main», a dit l'avocat rouquin. Deux ans ferme pour les deux compères, demande Hamel Samir, le procureur. Et ses demandes étaient balancées avec beaucoup de conviction. Une conviction d'aller au-devant de la «case» de ce genre de délinquants à combattre avec la plus grande sévérité et surtout une application rigoureuse de la loi. Maître Ghanem, du haut de ses 1,82 cm défend le premier détenu. «Nous avons un cas d'espèce : c'est que devant la police, on reconnaît les faits alors que devant le procureur, ils nient. Dans ce dossier, c'est l'inverse. Ils ont demandé pardon aux victimes, surtout mon client âgé à peine de dix-neuf printemps et qui fait toujours mineur.» Les circonstances atténuantes valent le coup d'être accordées. Très ému, l'avocat au regard clair égayé d'un bleu pale va mettre l'accent sur ces actes répréhensibles certes, mais il va falloir au tribunal retenir cet adage bien à sa place de dimanche, qu'une faute avouée est à moitié pardonnée. De son côté, le papa, et ô comble de surprise, un avocat connu à Koléa et à Blida, était très en colère et se retenait. Il s'était confiné dans un silence «assourdissant» qui a attiré l'attention du juge lequel, comme s'il voulait rassurer le papa de la victime-mineure, que la loi sera appliquée «oulabess», sans état d'âme aucun et loin de toute pression d'où qu'elle émane. Debout comme un «i» majuscule et l'air confiant, maître Gasmi ne quittait pas des yeux Chahinez, rassurée dès qu'elle avait fini de narrer le méfait. Elle avait ce jour-là une large idée du boulot de son papa qui aurait pu - si la victime avait été une autre - défendre les deux voleurs agresseurs détenus, et que Mehdi Kouchih va condamner à une peine de prison de trois ans.«Vous avez dix jours pour interjeter appel si vous n'êtes pas content de la sentence», a balancé le juge.