Les spécialistes du sida ont manifesté une satisfaction prudente après l'annonce de résultats encourageants d'essais conduits en Thaïlande auprès de plus de 16.000 personnes pour un vaccin contre le virus du sida. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Onusida, agence spécialisée de l'ONU, notent que le vaccin «a un effet protecteur modeste» mais que ces essais soulèvent «un nouvel espoir». Pour ces deux organisations, de tels vaccins présentant des «niveaux modestes d'efficacité semblent ne devoir être que des outils complémentaires d'autres stratégies visant à changer les comportements et les normes sociales, à promouvoir l'usage correct et raisonné du préservatif, l'accès à du matériel d'injection sûr, ainsi que la circoncision». Sanofi Pasteur, qui produit l'un des deux vaccins utilisés pour cet essai, a estimé qu'il s'agissait d'une «première démonstration concrète» qu'un vaccin contre le VIH «peut un jour devenir une réalité». La réduction de 31,2% du risque d'infection par le VIH est «modeste», mais «statistiquement significative». Cependant, «du travail reste à faire pour mettre au point et tester un vaccin qui puisse être homologué et utilisé à l'échelle mondiale». Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses (NIAID), qui fait partie du NIH américain (Institut national de la santé), parle de «développement encourageant» et souligne qu'il faut «davantage de recherche pour comprendre mieux comment ce vaccin a réduit le risque». L'Initiative internationale pour un vaccin contre le sida (IAVI) a estimé qu'il s'agissait d'une «réussite scientifique significative» puisque c'était «la première fois qu'un vaccin contre le sida montre un bénéfice chez les humains», même s'il est «partiel». «Cela donne à tout le moins une base à partir de laquelle on peut améliorer et valider des essais chez les animaux, et une possibilité d'attirer de nouveaux investissements dans le domaine de la recherche sur le vaccin anti-sida». Le colonel Nelson Michael, directeur du programme de recherche sur le sida de l'armée américaine, promoteur de ces essais, juge que ces résultats «sont très encourageants», mais, ajoute-t-il, «il faut reconnaître qu'il ne s'agit là que d'un point de départ pour de nouvelles recherches». Pour le colonel Jerome Kim, responsable des vaccins VIH pour l'armée américaine, «les connaissances acquises lors de cette étude vont être très utiles et vont permettre d'accélérer la conception et la réalisation de nouvelles études pour mettre au point un vaccin sûr et efficace». Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida (Anrs), estime que les résultats des essais du vaccin contre le virus du sida constituent «une bonne nouvelle pour un effet modeste». «Pour la première fois, on montre qu'un vaccin contre le VIH a un effet significatif au niveau clinique, c'est-à-dire au niveau infection, et qu'on peut obtenir une protection». Mais 31% de réduction du risque, «cela veut dire que ce n'est pas un outil vaccinal utilisable en termes de santé publique, au sein d'unepopulation», note-t-il. «Il faut poursuivre la recherche pour avoir de meilleurs outils vaccinaux».